C'est un revers inédit et spectaculaire pour l'éolien en mer français. Le ministère des Finances a officiellement annoncé ce 24 septembre qu'aucune offre n'avait été déposée pour le projet de parc au large de l'île d'Oléron (AO7).
Malgré neuf candidats présélectionnés, dont des géants comme TotalEnergies, EDF ou Iberdrola, le projet à plusieurs milliards d'euros est au point mort. Un échec qui interroge profondément la stratégie de l'État pour développer la filière.
Pourquoi un tel fiasco économique et technique ?
La raison de cet abandon général est simple : un modèle économique jugé totalement irréaliste par les industriels. Le projet d'Oléron cumulait les difficultés : il aurait été le parc sur fondations posées le plus profond du monde, à 70 mètres sous la surface, un défi technique majeur.
Face à ces contraintes, l'État a fixé un prix plafond de 100 euros le mégawattheure (MWh), avec un prix cible à 60 euros. Un tarif jugé déconnecté de la réalité par les candidats. "À ce prix-là, on ne sait pas faire", résumait un cadre d'Iberdrola. Tous les acteurs ont donc préféré jeter l'éponge plutôt que de s'engager dans un projet à perte.
Cet échec sonne-t-il la fin de l'éolien en mer en France ?
Pas tout à fait, et le contraste est saisissant. Le même jour, un autre parc éolien majeur, "Centre Manche 2", situé au large du Cotentin, a bien été attribué au consortium formé par TotalEnergies et RWE. La différence ? Des contraintes techniques bien moindres, qui ont permis aux lauréats de proposer un tarif très compétitif de 66 €/MWh.
L'échec d'Oléron n'est donc pas un rejet de l'éolien en mer dans son ensemble, mais bien un signal fort envoyé au gouvernement : les industriels ne suivront pas à n'importe quel prix, surtout sur des projets techniquement complexes qui nécessitent des investissements colossaux.
Quel avenir pour un parc au large d'Oléron ?
Le projet n'est pas forcément enterré, mais il devra être profondément revu. Le gouvernement a annoncé qu'il allait consulter un par un les candidats malheureux pour comprendre les raisons précises de leur retrait et identifier les leviers qui pourraient les faire changer d'avis.
Un nouvel appel d'offres pourrait être lancé, avec de nouvelles conditions. Plusieurs pistes sont déjà évoquées, comme une révision à la hausse du prix de l'électricité ou un changement technologique. L'idée de basculer vers des éoliennes flottantes, mieux adaptées aux grandes profondeurs, pourrait notamment permettre de relancer la machine.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce qu'un appel d'offres "infructueux" ?
Un appel d'offres est déclaré "infructueux" lorsqu'aucune candidature ou aucune offre n'a été déposée à la date limite fixée par l'organisateur, ici l'État. Cela signifie que le projet, en l'état actuel de ses conditions, est mis en pause, faute de participants.
Qui étaient les candidats pour le parc d'Oléron ?
Neuf candidats ou groupements avaient été présélectionnés pour leurs capacités techniques et financières. On y retrouvait les principaux acteurs du secteur comme EDF, Engie, TotalEnergies, l'allemand RWE ou encore l'espagnol Iberdrola.
Pourquoi le parc en Normandie est-il moins cher ?
Le projet "Centre Manche 2" présente moins de défis techniques majeurs que celui d'Oléron. La profondeur est moindre et les conditions sont mieux maîtrisées par les industriels, ce qui leur a permis de proposer un prix de vente de l'électricité beaucoup plus bas et donc de remporter le contrat.