Eric Schmidt, ancien PDG de Google, critique vivement le télétravail, le jugeant préjudiciable à la compétitivité américaine face à la Chine. Il appelle à des "compromis" sur l'équilibre vie pro-perso, citant le modèle 996 chinois comme référence d'intensité, et met en garde contre l'impact négatif (selon lui) du distanciel sur la formation des jeunes talents.

Les débats sur le télétravail, héritage de la crise sanitaire, trouvent un contradicteur de poids. Lors d'une intervention sur le podcast All-In, l'influent ex-dirigeant de la firme de Mountain View a de nouveau exprimé ses vives inquiétudes, liant directement l'essor du travail flexible à une perte de vitesse de l'innovation américaine face à la concurrence internationale.

Le spectre du "996" chinois

Au cœur de son argumentation, une comparaison choc : le modèle "996" chinois. Schmidt rappelle que cette culture du travail, de 9h à 21h, six jours par semaine, bien qu'officiellement interdite depuis 2021, reste une réalité implicite dans de nombreuses entreprises technologiques en Chine.

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Pour lui, "gagner dans la tech" impose des compromis drastiques sur l'équilibre vie professionnelle et personnelle. Il soutient que sans une intensité comparable, les États-Unis risquent de perdre la course à la domination, notamment dans le secteur crucial de l'intelligence artificielle.

Le télétravail, un frein pour la nouvelle génération ?

L'ancien dirigeant cible particulièrement les effets du travail à distance sur les plus jeunes employés. Il estime que l'apprentissage par l'observation et l'immersion est irremplaçable.

Se remémorant ses débuts chez Sun Microsystems, il explique avoir énormément appris en écoutant simplement les débats entre collègues expérimentés. Comment recréer cette transmission informelle et cruciale dans un environnement virtuel ? La question reste, selon lui, une équation non résolue qui handicape la formation de la relève.

Un discours qui fait écho dans la Silicon Valley

Les propos de Schmidt s'inscrivent dans un mouvement plus large de retour au bureau au sein des géants de la tech. Des entreprises comme Meta ou Amazon ont déjà durci leurs politiques, citant des gains de productivité.

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Sergey Brin, co-fondateur de Google, aurait lui-même encouragé des semaines de 60 heures pour les équipes travaillant sur l'IA Gemini. Avec une pointe d'ironie, Schmidt a d'ailleurs glissé que l'équilibre vie pro-perso convenait surtout... aux fonctionnaires.

Cette offensive contre le travail flexible, portée par une figure aussi emblématique, pourrait bien accélérer le retour en force du présentéisme. Reste à savoir si cette stratégie d'intensification sera suffisante pour maintenir l'avance technologique américaine, ou si elle ne fera qu'alimenter une crise de talents déjà latente.