La rivalité technologique entre la Chine et les États-Unis n’a jamais été aussi intense dans la fabrication de puces, malgré les restrictions commerciales imposées depuis plusieurs années sur l'accès aux techniques de gravure et aux équipements.

Lors d’une intervention remarquée sur le podcast BG2, Jensen Huang, visionnaire à la tête de Nvidia, a affirmé que l’écart entre les deux pays n’est plus qu’une question de « nanosecondes ».

La formule veut secouer les certitudes et souligner un péril qui s'est concrétisé avec le rejet des puces IA de Nvidia en Chine et leur remplacement par des composants locaux, le pays se sentant désormais en capacité de rivaliser à sa façon avec le savoir-faire nord-américain.

La guerre des puces : enjeux et positionnement

Sur le marché des semi-conducteurs, la suprématie américaine repose depuis des années sur le rayonnement de sociétés comme Nvidia. Les GPU de l’entreprise sont au cœur des avancées en intelligence artificielle, dopant un secteur en pleine effervescence.

Pourtant, la Chine, longtemps vue comme suiveuse, multiplie les investissements pour réduire sa dépendance. Avec un vivier d’ingénieurs dynamiques et une volonté politique affirmée, le pays accélère sa montée en puissance.

Nvidia Vera Rubin

« Nous sommes face à un concurrent impressionnant, innovant, rapide, sous-régulé… », observe Jensen Huang, soulignant la solidarité des géants chinois comme Baidu, Alibaba, Tencent ou ByteDance, tous engagés dans l’élaboration de solutions locales.

La technologie américaine continue de rayonner mais se confronte à un changement de paradigme en Asie et l’évolution du secteur influence autant les performances économiques que l’équilibre géopolitique mondial.

L’impact des politiques d’exportation américaines

Récemment, les États-Unis ont renforcé leurs restrictions sur l’exportation de puces et d’accélérateurs dédiés à l’IA vers la Chine. Cette stratégie vise à ralentir la progression chinoise, mais pourrait, selon Huang, nuire à l’influence et à la réussite économique américaine.

L’interdiction du célèbre GPU H20conçu pour contourner les exigences réglementaires, a illustré ce durcissement, avant que des négociations n’aboutissent à un compromis temporaire.

« Permettre aux sociétés américaines de concurrencer la Chine, c’est maximiser le succès économique et l’influence géopolitique de l’Amérique », tente de rappeler le patron de Nvidia. Mais les autorités chinoises adoptent une posture ambivalente.

A côté de l'accueil jusque-là chaleureux pour les investisseurs étrangers et une volonté affichée d’ouverture, elles favorisent la poussée vers l’autosuffisance des semi-conducteurs et estiment pouvoir désormais se passer des composants venus des Etats-Unis.

Huawei et la riposte technologique chinoise

Face aux restrictions et à la nécessité stratégique de se doter d’une solution « maison », la Chine réagit avec énergie. Leader local, Huawei démontre ses ambitions avec l’Atlas 900 A3 SuperPoD, un supercalculateur basé sur les processeurs Ascend 910B produits par le fabricant national SMIC. Cet ensemble transforme le paysage de l'IA car il fonctionne sans l’écosystème CUDA, privilégiant les logiciels développés dans l’Empire du Milieu.

Huawei Atlas 950 supercluster IA

Huawei a déjà annoncé des étapes de développement majeures jusqu’en 2027, tablant sur des performances équivalentes voire supérieures aux standards américains actuels. Soutenus par une coalition d’investisseurs, les géants de l’internet chinois se positionnent au centre de cette transformation, misant sur la création et l’adaptation de silicium local.

Quelles perspectives pour l’innovation : compétition ou coopération ?

Jensen Huang n’hésite pas à rappeler que la compétition demeure le moteur principal de l’innovation. Tant que l’accès au marché chinois reste possible, il existe des opportunités mutuelles.

Les sociétés américaines et leurs homologues asiatiques semblent condamnés à évoluer dans une dynamique d’émulation continue, où la conquête de l’avantage technologique devient vitale.

Dans ce contexte, les mots clés comme intelligence artificielle, semiconducteurs, marché chinois et autosuffisance deviennent centraux, cristallisant l’attention des investisseurs internationaux et des politiques d’innovation.

« Ce secteur est vibrant, entrepreneurial et tourné vers la modernité », déclare Huang, insistant sur la nécessité de conserver une vision long terme, au-delà des différends politiques immédiats. Mais la superstar de l'IA est-elle encore audible maintenant que la Chine fait sécession ?