Le Pentagone s'apprête à annoncer le nom du constructeur qui développera le F/A-XX, le chasseur furtif de sixième génération de l'US Navy. Ce programme, crucial pour contrer la menace chinoise, voit s'affronter les géants Boeing et Northrop Grumman dans une compétition dont l'issue redéfinira l'avenir de l'aviation de combat embarquée américaine pour les décennies à venir.

La compétition pour le programme F/A-XX est bien plus qu'une simple attribution de contrat ; c'est une partie d'échecs industrielle aux enjeux colossaux. D'un côté, Boeing, déjà victorieux avec le programme F-47 de l'US Air Force, cherche à asseoir une domination quasi totale sur les chasseurs américains de nouvelle génération. Une victoire consoliderait de manière spectaculaire sa branche défense, lui offrant un rebond remarquable après des années de revers sur des contrats majeurs.

Une compétition aux airs de quitte ou double

Pour Boeing, remporter ce contrat signifierait cimenter son statut de fournisseur privilégié du Pentagone pour les chasseurs de sixième génération, évinçant au passage ses rivaux historiques.

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De l'autre côté, Northrop Grumman joue son grand retour. Le constructeur, célèbre pour son bombardier furtif B-21 Raider, n'a plus été le maître d'œuvre d'un chasseur de supériorité aérienne américain depuis l'iconique F-14 Tomcat. Une victoire sur le F/A-XX le propulserait à nouveau au premier plan de l'aviation de combat embarquée.

Lockheed Martin, le troisième titan de l'aérospatiale américaine, a déjà été écarté de la compétition, sa proposition n'ayant pas satisfait aux critères exigeants de la Navy. La scène est donc prête pour un duel final entre deux visions et deux stratégies industrielles.

Un bond technologique pour garder l'avantage

Le futur F/A-XX est pensé pour être une rupture technologique majeure avec les appareils actuels. Il doit remplacer la flotte vieillissante de F/A-18E/F Super Hornet, l'épine dorsale de l'aéronavale américaine depuis la fin des années 1990.

Si le Super Hornet reste un avion polyvalent et éprouvé au combat, son rayon d'action limité devient un handicap stratégique, notamment dans le vaste théâtre d'opérations du Pacifique. Face aux systèmes de missiles à longue portée chinois, la Navy a un besoin criant d'allonge.

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Le cahier des charges du F/A-XX met ainsi l'accent sur une furtivité accrue, une portée opérationnelle largement supérieure et des capacités de guerre électronique de pointe.

L'appareil devra également s'intégrer nativement à un écosystème de combat incluant des drones et d'autres systèmes non pilotés, préfigurant le visage de la guerre aérienne de demain. Selon les officiels de la Navy, le F/A-XX devrait offrir une portée supérieure de plus de 25% à celle des chasseurs embarqués actuels, un atout décisif pour la projection de puissance.

La menace chinoise comme accélérateur

Ce besoin de modernisation est rendu encore plus pressant par l'implacable réalité géopolitique. La Chine développe ses propres capacités aéronavales à un rythme effréné.

Son nouveau chasseur embarqué furtif, le J-35, est déjà en production limitée et a été observé lors d'essais sur le Fujian, le premier porte-avions chinois équipé de catapultes électromagnétiques. Cette montée en puissance rapide de la marine chinoise (PLAN) met directement au défi la suprématie américaine dans la région Indo-Pacifique.

Fujian porte-avions catapulte electromagnetique

Le Pentagone ne peut se permettre de prendre du retard. Les retards budgétaires et les débats sur la capacité de la base industrielle américaine à gérer simultanément deux programmes de chasseurs de sixième génération (le F-47 de l'Air Force et le F/A-XX de la Navy) ont longtemps freiné la décision. Mais la pression des événements semble avoir fait lâcher du lest aux décideurs politiques et militaires.

La récente visite du président Donald Trump sur le porte-avions USS George H.W. Bush pour le 250e anniversaire de la Navy a sans doute servi de catalyseur. La démonstration de force et les discussions avec les hauts gradés ont rappelé l'urgence de doter les marins des outils de demain.