Les fake news ont été au coeur de la campagne présidentielle américaine et leur diffusion aux côtés de informations légitimes dans les réseaux sociaux et les flux d'actualité constitue une source d'inquiétude sur les possibilités de manipulation de l'opinion et de dévoiement du processus démocratique en touchant le public par l'émotion immédiate et non plus par le choix éclairé d'un candidat.
Si l'effet de ces fausses informations reste à démontrer précisément, il reste qu'elles se sont largement diffuées via les différents canaux de l'Internet et ont été très partagées, au point de surpasser les informations provenant de sources légitimes.
Google et Facebook ont été pointés du doigt et, tout en se défendant d'avoir été des canaux de désinformation, les deux groupes ont commencé à prendre des mesures, internes ou concertées, pour réduire la visibilité des fake news.
La Commission européenne prend la menace, qualifiée de danger pour la démocratie par Barack Obama, au sérieux et a fermement appelé Facebook à prendre des mesures. Andrus Ansip, commissaire européen en charge du numérique, a souligné au Financial Times que s'il croyait aux mérites de l'autorégulation, il n'hésiterait pas à demander des comptes au réseau social, voire à le sanctionner en cas d'action insuffisante.
Quelles défenses pour quelle menace ?
Le réseau social a commencé à à mettre en place des filtres passant par les signalements de la part des utilisateurs et la constitution d'une équipe chargée de traquer ces fausses informations, tout en soulignant les limites de l'exercice et en faisant savoir qu'il ne souhaitait pas devenir le censeur des informations circulant via la plate-forme.
De fait, seuls les contenus viraux véritablement mensongers pourront être interceptés, tandis que les opinions, même extrêmistes, n'auront pas vocation à être filtrées. Toute la difficulté sera de trouver le juste équilibre et la frontière.
Andrus Ansip n'a pas donné d'indications sur les mesures prises par Bruxelles en cas de dérapage mais il souligne que les réseaux sociaux doivent être plus réactifs, mettant en balance informations provenant de sources reconnues et informations diffusées via les réseaux sociaux.
En France, alors que se profile aussi l'élection présidentielle, le danger des fake news reste à l'esprit des différents régulateurs et observateurs des pratiques du Web et des réseaux sociaux, avec là aussi la volonté de rencontrer les représentants des grands groupes américains pour savoir quelles mesures ces derniers comptent prendre.