Votre fil d'actualités Facebook est peut-être devenu un terrain miné. Un nouveau document de l'organisation non gouvernementale Tech Transparency Project (TTP) expose une réalité alarmante : une proportion importante des dépenses les plus élevées en publicités politiques sur les plateformes de Meta est le résultat d'escroqueries élaborées.

Des malfaiteurs exploitent des vidéos deepfake extrêmement réalistes de personnalités telles que Donald Trump, Elizabeth Warren ou Bernie Sanders pour tromper un grand nombre d'utilisateurs, en majorité des personnes âgées.

Comment opèrent ces escroqueries basées sur le deepfake ?

La méthode est aussi simpliste que pernicieuse. Une annonce vidéo s'affiche, présentant un politicien célèbre dans une allocution qui paraît véritable. Le deepfake est employé pour manipuler ses discours et lui faire promettre une assistance gouvernementale séduisante et fictive, comme un « chèque de relance de 5 000 dollars ». Ensuite, la vidéo encourage l'utilisateur à cliquer sur un lien pour « réclamer » ce qui lui revient de droit.



Ce lien ne redirige manifestement pas vers un site officiel du gouvernement, mais vers une page élaborée pour collecter des informations personnelles et financières. En exploitant le pouvoir de l'image politique et l'urgence apparente de leur proposition, les fraudeurs réussissent à duper la vigilance de nombreuses personnes.

Quelle est l'étendue du problème sur les plateformes de Meta ?

Les données du rapport du TTP sont incontestables. L'entité a repéré 63 annonceurs indélicats qui, à eux seuls, constituent un des principaux postes de dépense en matière de publicités politiques sur Facebook. Ensemble, ils ont investi près de 49 millions de dollars pour la diffusion de plus de 150 000 fausses publicités au cours des sept dernières années.



Ce qui est le plus surprenant, c'est que Meta, l'entreprise qui possède Facebook et Instagram, a tiré profit directement de ce système. L'entreprise a généré des dizaines de millions de dollars à partir de publicités qui, pourtant, enfreignent clairement ses propres directives prohibant l'imposture et les méthodes déceptives.

Pourquoi Meta permet-il cela ?

La réponse se résume à deux mots : modération laxiste. Malgré les dépenses conséquentes de Meta pour lutter contre les fraudes, son processus d'approbation des annonces, largement automatisé, se laisse aisément déjouer. Les comptes frauduleux sont généralement suspendus seulement après avoir englouti des millions de dollars et diffusé des centaines d'annonces.



D'après le rapport, presque la moitié des 63 annonceurs frauduleux identifiés demeuraient actifs lors de la diffusion de l'enquête. Selon plusieurs analystes et ex-salariés, le constat est sans équivoque : la société de Mark Zuckerberg donne la priorité à ses profits publicitaires immédiats plutôt qu'à la protection de ses utilisateurs et à l'intégrité de sa plateforme.

Foire Aux Questions (FAQ)

Un deepfake, c'est quoi ?

Un deepfake (également appelé hypertrucage) est un élément multimédia (vidéo, son ou image) modifié par une intelligence artificielle. Cette innovation offre la possibilité de superposer des visages sur d'autres corps ou de créer une voix capable de prononcer des mots qu'une personne n'a jamais dits, avec un degré de réalisme souvent impressionnant.

Comment identifier une annonce politique trompeuse sur Facebook ?

Face à toute promesse de gains faciles ou d'assistance gouvernementale exclusive diffusée par une publicité sur les médias sociaux, il est sage de rester prudent. Consultez toujours les sites web officiels des administrations pour vérifier la provenance de l'information. Évitez de cliquer sur des liens douteux et ne divulguez jamais vos informations personnelles ou financières à travers une annonce publicitaire.

Quelle est la stratégie de Meta pour combattre ces escroqueries ?

Meta déclare officiellement qu'elle proscrit les pratiques frauduleuses et qu'elle investit dans des technologies de détection. En réalité, sa modération paraît surtout réactive, c'est-à-dire qu'elle intervient fréquemment après que les escroqueries ont été signalées par des utilisateurs ou des chercheurs. Les détracteurs mettent en lumière un défaut d'anticipation et des sanctions trop tardives pour avoir un effet véritablement dissuasif.