En juillet dernier, lors d'une visite visant à renforcer la coopération sécuritaire, le directeur du FBI a commis une gaffe monumentale qui illustre parfaitement le fossé entre la culture des armes à feu américaine et la législation très stricte de la Nouvelle-Zélande.

En voulant faire un geste de bonne volonté, il a mis ses hôtes dans une situation pour le moins embarrassante, les forçant à détruire ses cadeaux diplomatiques.

Quels étaient ces cadeaux et pourquoi ont-ils posé problème ?

Le cadeau empoisonné a été offert par le directeur du FBI, Kash Patel, lors d'une visite en juillet pour inaugurer le premier bureau de l'agence à Wellington. Il s'agissait de présentoirs commémoratifs incluant des répliques de pistolets en plastique, fabriquées par impression 3D et rendues "inopérantes". Ces objets ont été remis à au moins trois des plus hauts responsables de la sécurité du pays, dont le chef de la police et les directeurs des agences de renseignement.



Le problème est que, selon les très strictes lois sur les armes néo-zélandaises, un pistolet, même une réplique en plastique inopérante, est traité comme une arme réelle s'il peut être modifié pour tirer. La possession d'un tel objet nécessite un permis spécial que les officiels ne détenaient pas. La simple désactivation temporaire du mécanisme de tir n'a donc aucune valeur juridique.

Comment les autorités néo-zélandaises ont-elles réagi ?

Avec un pragmatisme et une rigueur qui en disent long. Dès le lendemain, les responsables ont sollicité l'avis de l'autorité de régulation des armes à feu. Après examen, celle-ci a confirmé que les pistolets étaient "potentiellement opérables" et donc illégaux. La sentence est tombée par la voix du commissaire de police Richard Chambers : "Pour garantir la conformité avec les lois sur les armes à feu, j'ai donné l'ordre à la police de les conserver et de les détruire". L'embarras diplomatique était palpable, l'ambassade américaine se contentant de déclarer qu'elle comprenait et acceptait la décision concernant ce cadeau "bien intentionné".

Quel est le contexte de cet incident ?

Cet incident diplomatique a été géré avec une politesse glaciale par les Néo-Zélandais. Il faut dire que la Nouvelle-Zélande a une culture des armes à feu radicalement opposée à celle des États-Unis. La possession d'une arme y est un privilège, pas un droit. La législation a été considérablement renforcée après le massacre de Christchurch en 2019, où un terroriste avait tué 51 personnes avec des armes semi-automatiques acquises légalement.

La visite de Kash Patel était déjà tendue. Ses déclarations publiques, présentant le nouveau bureau du FBI comme un outil pour contrer l'influence chinoise dans le Pacifique, avaient été fraîchement accueillies par Wellington, qui préfère mettre l'accent sur la coopération contre le trafic de drogue et la pédocriminalité. Ce "pistolet-gate" n'a fait qu'ajouter une couche de malaise à une relation déjà complexe.

Foire Aux Questions (FAQ)

Les armes offertes étaient-elles de vraies armes imprimées en 3D ?

Non, il s'agissait de répliques en plastique inoffensives en l'état. Cependant, la loi néo-zélandaise est très claire : si une réplique peut, même avec des modifications, être rendue capable de tirer, elle est classée et réglementée comme une véritable arme à feu. C'est ce principe de précaution qui a conduit à leur destruction.

Le directeur du FBI risque-t-il des poursuites ?

Il est très peu probable. L'affaire a été gérée sur le plan diplomatique. On ignore si Kash Patel avait demandé les autorisations nécessaires pour importer ces objets. Le FBI n'a fait aucun commentaire officiel sur l'incident, laissant l'ambassade américaine gérer la communication.

Pourquoi la Nouvelle-Zélande est-elle si stricte sur les armes à feu ?

Le tournant majeur a été l'attentat terroriste de Christchurch en 2019. Suite à ce massacre, le pays a interdit la plupart des armes semi-automatiques et a mis en place un programme de rachat massif. La culture locale a toujours été bien moins permissive que celle des États-Unis, considérant la possession d'armes comme une responsabilité et non un droit fondamental.