C'est une innovation née au cœur du Jura suisse, une région synonyme de luxe et de précision. Le 3 octobre 2025, l'entreprise Panatere a inauguré à La Chaux-de-Fonds deux fours solaires d'un genre nouveau.

Leur mission : recycler les chutes d'acier inoxydable de haute qualité provenant des industries locales de l'horlogerie et du matériel médical, en utilisant uniquement la puissance du soleil. Un projet vieux de dix ans pour son PDG, Raphael Broye, qui transforme un rêve écologique en une réalité industrielle tangible.

Comment fonctionne ce four solaire industriel ?

Le concept, bien que complexe dans sa mise en œuvre, repose sur un principe physique simple : la concentration solaire. Un champ de miroirs mobiles, appelé héliostat, suit la course du soleil tout au long de la journée pour en capter les rayons. Ces derniers sont ensuite réfléchis vers un immense concentrateur parabolique qui, tel une loupe géante, focalise toute l'énergie lumineuse en un seul point.



Ce point de concentration atteint des températures extrêmes, jusqu'à 2 000 °C, à l'intérieur d'un creuset où sont placées les chutes de métal. En quelques heures, l'acier fond sans brûler le moindre combustible fossile. Le métal liquide est ensuite coulé en lingots, prêt à être réutilisé par les industriels locaux. Le plus petit des deux prototypes peut concentrer la lumière jusqu'à 5 500 fois l'intensité du soleil, une puissance brute maîtrisée grâce à la collaboration avec des chercheurs de la Haute École Arc Ingénierie.

Quel est l'impact écologique et économique de cette innovation ?

L'avantage principal de cette technologie est son impact environnemental spectaculairement bas. La production d'un kilogramme d'acier recyclé par des méthodes conventionnelles émet environ 6,8 kg de CO2. Avec les fours solaires de Panatere, cette émission tombe à seulement 41 grammes, soit une réduction de l'empreinte carbone de plus de 165 fois.

Fourneaux solaires 01

Mais la véritable force du projet réside dans sa viabilité économique. Face à la flambée des prix et à la raréfaction des métaux, le recyclage en circuit court devient rentable, même avec les coûts de main-d'œuvre suisses. Les entreprises horlogères et médicales, qui voyaient leurs déchets comme une charge, réalisent qu'elles possèdent un "trésor" à valoriser. Panatere ambitionne de produire jusqu'à 1 000 tonnes de cet "acier vert" par an d'ici 2028, créant ainsi un modèle d'économie circulaire locale inédit.

Ce projet est-il un simple concept ou une réalité industrielle ?

Loin d'être une simple expérience de laboratoire, l'inauguration de ces deux fours pilotes marque l'aboutissement d'une décennie de recherche et de développement. Pour prouver la robustesse de sa technologie solaire, Panatere a dû surmonter de nombreux défis : la gestion du vent sur les miroirs, la poussière du Sahara qui obscurcit le ciel, et des variations de température allant de -20°C en hiver à plus de 30°C en été.

Fourneaux solaires 02

Soutenu par des partenaires académiques et des programmes de financement transfrontaliers comme Interreg France–Switzerland, le projet entre maintenant dans une phase de tests avec des entreprises locales. L'objectif est de lancer une usine à grande échelle d'ici 2028, soit sur le site actuel, soit dans les montagnes du Valais, une région encore plus ensoleillée. Cette inauguration n'est donc qu'une étape, mais elle prouve que le recyclage solaire de métaux industriels est techniquement et économiquement viable.

Foire Aux Questions (FAQ)

Quels types de métaux peuvent être recyclés avec cette technologie ?

Les fours solaires de Panatere sont conçus pour fondre des métaux nécessitant de très hautes températures. Les tests actuels se concentrent sur l'acier inoxydable de haute qualité et le titane, qui sont les principaux déchets des industries horlogère et médicale de la région. D'autres alliages pourraient être traités à l'avenir.

Cette technologie est-elle applicable partout dans le monde ?

Cette solution est particulièrement adaptée aux régions bénéficiant d'un fort ensoleillement. Le projet pilote en Suisse a dû s'adapter à des conditions météorologiques variables. Son déploiement à grande échelle serait encore plus efficace dans des zones désertiques ou montagneuses, où le ciel est dégagé une grande partie de l'année. La rentabilité dépend aussi de la proximité d'industries générant des déchets métalliques de grande valeur.

Quand pourra-t-on acheter une montre en "acier solaire" ?

Il faudra encore un peu de patience. Panatere entre dans une phase de tests de plusieurs années avec ses partenaires industriels pour qualifier et certifier les alliages recyclés. Les premières montres ou instruments médicaux utilisant cet acier "vert" pourraient arriver sur le marché après le lancement de l'usine à grande échelle, prévu pour 2028.