La dynamique de la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France connaît un sérieux coup de frein. Alors que le pays s’était engagé à accélérer la transition écologique, les prévisions pour 2025 font l’effet d’une douche froide : une baisse de seulement 0,8 % des émissions, loin des ambitions affichées.

Ce ralentissement interpelle autant les observateurs que les acteurs du secteur, d’autant que la France s’était positionnée en modèle européen sur le climat. Le constat est sans appel : la trajectoire actuelle ne permet pas d’atteindre les objectifs fixés, et le retard s’accumule. Derrière les chiffres, c’est tout un système qui semble grippé, entre politiques publiques, industries et attentes sociétales.

Un rythme de baisse qui s’essouffle dangereusement

Les chiffres ne laissent guère de place au doute : la France voit son rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre ralentir nettement. Après une période marquée par des efforts notables, la tendance s’inverse. 2024 avait déjà été marquée par un premier ralentissement (-1,8%) et les premières données du Citepa, organisme indépendant mesurant les émissions de gaz à effet de serre de l'Hexagone, ne sont pas bonnes pour l'année en cours.

En 2025, la diminution prévue sera inférieure à 1%, alors que la moyenne annuelle nécessaire pour respecter les engagements européens et internationaux devrait être bien supérieure (au-delà de  5%).

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Le Citepa anticipe un volume de 366 millions de tonnes CO2 équivalent en 2025, soit plus bas seulement de 3 millions de tonnes CO2 équivalent par rapport à 2024. Il ne s'agit encore que d'une valeur prévisionnelle mais elle anticipe un coup d'arrêt dans l'effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Plusieurs facteurs expliquent ce coup d’arrêt. La dépendance persistante à certains secteurs polluants, l'arrêt des aides de l'Etat (comme MaPrimeRénov' ou la baisse des aides à l'achat de véhicules électriques) ou l'artificialisation des sols font partie de causes qui se cumulent à un manque de volonté politique pour tenir les engagements de la transition écologique.

Un autre élément émerge des données du Citepa : les secteurs qui ont fait des efforts de réduction d'émissions ces dernières années, comme l'énergie, arrivent à un palier et tirent de moins en moins le bilan vers le bas. L'effort doit désormais porter sur les secteurs plus réfractaires à la baisse des émissions, transport en tête.

Les experts tirent la sonnette d’alarme : sans une accélération rapide, la France risque de manquer le coche et de voir sa crédibilité entamée sur la scène internationale, alors que d'autres pays européens font désormais mieux en matière d'effort de réduction.

Des objectifs climatiques de plus en plus hors de portée

Le constat est partagé par de nombreux spécialistes : les objectifs climatiques fixés par la France (et au-delà, par l'Europe) semblent désormais hors d’atteinte si la tendance ne s’inverse pas.

La trajectoire actuelle éloigne le pays de sa promesse de réduire drastiquement ses émissions d’ici 2030. Les plans successifs, bien que volontaristes sur le papier, peinent à se traduire par des résultats concrets sur le terrain.

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La question se pose : comment expliquer ce décalage entre les ambitions et la réalité ? Certains pointent du doigt la complexité des réformes à mener, d’autres le manque de moyens ou de volonté politique.

Une chose est sûre, la pression monte, aussi bien du côté des institutions européennes que de la société civile. Les attentes sont fortes, et la France se retrouve sous le feu des projecteurs, sommée de réagir rapidement, dix ans après les Accords de Paris qui avaient insuffé une dynamique mondiale.

Quels leviers pour relancer la transition écologique ?

Face à ce constat préoccupant, la question des solutions devient centrale. Plusieurs leviers existent pour relancer la transition écologique et remettre la France sur la bonne voie.

Parmi eux, l’accélération de la rénovation énergétique des bâtiments, le développement massif des énergies renouvelables ou encore la transformation des mobilités.

Mais la réussite de ces chantiers dépend aussi d’un engagement collectif, à tous les niveaux de la société. Cependant, comment faire quand les caisses de l'Etat sont vides et que les initiatives sont annulées les unes après les autres pour réaliser des économies ?

Les entreprises, les collectivités et les citoyens sont appelés à jouer un rôle clé, car la transition ne pourra pas reposer uniquement sur les politiques publiques. Déjà, le Haut Conseil pour le Climat a appelé il y a quelques jours à un "sursaut collectif" pour relancer les efforts environnementaux. Il doit encore être entendu.