Le régulateur des télécoms, l'Arcep, a officiellement donné son feu vert au nouvel accord liant Free Mobile et Orange. Annoncée le 16 octobre, cette décision permet à Free de continuer à s'appuyer sur les réseaux 2G et 3G de l'opérateur historique pour trois années supplémentaires, du 1er janvier 2026 au 31 décembre 2028.
Plus qu'une simple reconduction, il s'agit d'un contrat calibré pour une ère nouvelle : celle de l'extinction programmée de ces anciennes technologies de réseaux mobiles.
Un mariage de raison dans un contexte de fin de vie
Cet accord, judicieusement nommé "Contrat d’itinérance sur réseaux en fin de vie d’Orange France", relève d'une logique pragmatique. Alors que tous les opérateurs concentrent leurs investissements sur la 4G et surtout la 5G, maintenir et déployer un réseau 2G propre serait une pure perte de temps et d'argent pour le quatrième opérateur.
L'accord permet ainsi à Free de réallouer ses fréquences 3G vers des technologies plus modernes et performantes. Il garantit en parallèle une couverture de base pour ses clients, notamment dans les zones rurales où la continuité de service reste un enjeu, en attendant une généralisation complète de son propre réseau de nouvelle génération.
Des garde-fous stricts pour éviter la dépendance
Loin d'être un chèque en blanc, le contrat validé par l'Arcep est assorti de contraintes sévères visant à pousser Free vers l'autonomie. Les conditions tarifaires sont conçues pour être fortement incitatives, rendant l'utilisation du réseau d'Orange de moins en moins attractive au fil du temps. De plus, des limites techniques très claires sont posées afin d'encadrer cet usage.
Le débit en itinérance est plafonné à un très modeste 384 kbit/s, bien loin des standards actuels. Les volumes de voix et de SMS autorisés sont décroissants d'année en année, et le trafic de données en itinérance ne peut excéder 1% du volume total transitant sur le réseau propre de Free Mobile.
Ces mesures garantissent que l'itinérance reste une solution d'appoint, une béquille temporaire, et non une stratégie à long terme.
Une décision qui ne fait pas l'unanimité
Si l'Arcep estime que cet accord ne nuit pas à une concurrence effective et loyale, tous les acteurs du marché ne partagent pas cet avis. Lors de la phase de consultation lancée en juin, Bouygues Telecom a été le seul à réagir, s'opposant fermement à cette nouvelle prolongation. L'opérateur a rappelé que l'itinérance avait été pensée à l'origine comme une mesure transitoire pour faciliter le lancement de Free en 2012.
Avec cette extension, l'accord aura duré 17 ans, un délai que Bouygues juge excessif et dénaturant son objectif initial. L'opérateur a ainsi demandé au régulateur de mettre fin à l'accord au 31 décembre 2025, une requête qui n'a finalement pas été suivie par le gendarme des télécoms.
Le régulateur a toutefois précisé qu'il resterait attentif à la poursuite des investissements de Free. Cette dernière prolongation coïncide d'ailleurs avec le calendrier d'extinction des anciens réseaux par Orange lui-même, la 2G devant disparaître fin 2026 et la 3G fin 2028.
La question est maintenant de savoir si Free parviendra à atteindre une autonomie quasi totale d'ici cette échéance finale, tournant définitivement la page de cette dépendance historique.