Fidèle à sa réputation, Free a encore une fois dynamité le paysage des télécoms français. L'opérateur a lancé "mVPN", un réseau privé virtuel (VPN) directement intégré et offert à ses abonnés mobiles.
Présentée comme une avancée pour la sécurité et le pouvoir d'achat, cette initiative cache une conséquence explosive : elle offre un moyen simple et gratuit de contourner les blocages de sites internet imposés en France, notamment ceux visant à protéger les mineurs des contenus pornographiques. Une provocation qui n'a pas tardé à faire réagir la classe politique.
Pourquoi le VPN de Free déclenche-t-il une telle polémique ?
L'affaire a pris une tournure officielle lorsque le député PS Thierry Sother a annoncé avoir saisi l'Arcom, le gendarme du numérique. Au cœur de sa plainte : le fait que ce VPN, en masquant la localisation réelle de l'utilisateur, anéantit les efforts de la loi française qui impose une vérification d'âge à l'entrée des sites pour adultes.
Des plateformes majeures comme Pornhub, refusant de se plier à cette règle, ont simplement bloqué leur accès depuis la France.
Avec mVPN, cette barrière saute en un clic. Le député dénonce une initiative qui "compromet directement l'efficacité" de la législation et représente un "risque majeur pour la santé de nos enfants". La réponse de Xavier Niel sur les réseaux sociaux, confirmant d'un "Oui" laconique que son service permettait bien d'accéder aux "sites de pétanque", n'a fait que confirmer le caractère délibéré de la manœuvre.
Comment Free se défend-il face à ces accusations ?
Face à la controverse, la défense de Free est simple : l'opérateur se contente de démocratiser un outil qui existe déjà massivement sur le marché. L'entreprise souligne que de nombreux services de VPN payants permettent déjà de faire la même chose et qu'elle ne fait que rendre cette technologie accessible. De plus, Free rappelle que son option de contrôle parental reste active, même lorsque le mVPN est enclenché, laissant la responsabilité finale aux parents.
Cependant, cet argument peine à convaincre ses détracteurs, qui y voient une forme de provocation de la part d'un opérateur qui est lui-même tenu par la loi d'appliquer les blocages qu'il aide désormais à contourner.
Quelles sont les implications pour l'avenir de la régulation numérique ?
Cette affaire dépasse largement la seule question des sites pornographiques. Comme le souligne le député Thierry Sother, l'initiative de Free "menace l'ensemble des futures régulations numériques visant à protéger les mineurs". Comment, par exemple, appliquer efficacement un futur couvre-feu numérique ou l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, si les opérateurs eux-mêmes fournissent les outils pour passer outre ?
Le bras de fer engagé par Free est un cas d'école des limites de la régulation nationale à l'ère d'un Internet sans frontières. L'Arcom se retrouve désormais face à un dilemme complexe : peut-elle contraindre un opérateur à brider un service légal au motif qu'il facilite des usages que la loi cherche à proscrire ? La réponse qu'elle apportera pourrait créer un précédent majeur pour l'avenir du web en France.
Foire Aux Questions (FAQ)
Le VPN de Free est-il activé par défaut ?
Non, et c'est un point clé de la défense de l'opérateur. La fonctionnalité mVPN doit être activée manuellement par l'abonné depuis son espace client pour une durée de 12 heures. En théorie, un mineur n'est pas censé avoir accès à la gestion du compte, ce qui limite le risque d'une activation non surveillée.
Quels sont les forfaits concernés par cette offre ?
Le service mVPN est inclus gratuitement pour les abonnés au forfait 5G Free et à la Série Free. En revanche, le forfait d'entrée de gamme à 2 euros n'est pas concerné par cette offre.
Utiliser un VPN pour contourner un blocage est-il illégal ?
L'utilisation d'un VPN en France est parfaitement légale. Cependant, s'en servir pour accéder à des contenus dont l'accès est légalement restreint place l'utilisateur dans une zone juridique floue. Si l'acte de contournement lui-même n'est pas spécifiquement criminalisé pour un particulier, la polémique porte sur la responsabilité de l'opérateur qui fournit l'outil en connaissance de cause.