Le message est on ne peut plus ciblé : "Les autres : n’ont plus accès à leurs sites préférés. Les abonnés Free Mobile: " Accompagné d'une démonstration de son nouveau service mVPN, le dernier tweet de Free est une déclaration de guerre à peine voilée à l'Arcom.

Alors que le régulateur s'échine à faire appliquer la vérification d'âge sur les sites pornographiques, l'opérateur de Xavier Niel se positionne ouvertement comme le fournisseur de la solution de contournement, gratuite et intégrée.

Comment en est-on arrivé à cette confrontation ?

Tout part de l'offensive de l'Arcom. En application de la loi SREN, le gendarme du numérique a mis en demeure les principaux sites pornographiques d'implémenter une vérification d'âge efficace. En réponse, les géants du secteur comme Pornhub ont préféré bloquer leur accès en France, provoquant une explosion de la demande pour les VPN. C'est sur cette vague que Free a décidé de surfer.



Le 16 septembre dernier, l'opérateur a lancé Free mVPN, un service de VPN gratuit et directement intégré à ses forfaits mobiles. L'intention était claire, et Xavier Niel lui-même l'avait confirmé à demi-mot sur X (ex-Twitter), en répondant "Oui" à un utilisateur qui lui demandait si le service permettait de retourner sur les "sites de pétanque".

Le VPN de Free est-il légal ?

C'est tout le débat. Officiellement, Free présente son mVPN comme un outil de "sécurité et de confidentialité". L'opérateur a d'ailleurs mis en place des garde-fous : l'activation du service ne peut être faite que par le titulaire du compte, majeur, depuis son espace abonné. De plus, le contrôle parental reste actif même lorsque le VPN est en marche.



Des arguments qui n'ont pas convaincu le député socialiste Thierry Sother, qui a saisi l'Arcom en dénonçant un service qui "compromet directement l’efficacité" de la loi de protection des mineurs. Pour lui, si les opérateurs eux-mêmes fournissent les outils de contournement, toute régulation devient impossible.

Quelle est la stratégie de Free derrière cette provocation ?

Avec son dernier tweet, Free ne se cache plus. La stratégie de Xavier Niel semble double. D'un côté, il s'agit d'un coup commercial redoutable : en offrant gratuitement un service très demandé et habituellement payant, l'opérateur fidélise ses abonnés et en attire de nouveaux, se positionnant comme celui qui "rend du pouvoir d'achat aux Français".



De l'autre, c'est un positionnement idéologique fort. Free se pose en défenseur de la liberté numérique face à un régulateur jugé inefficace et tatillon. Un bras de fer dont l'issue est incertaine, mais qui garantit à l'opérateur une visibilité maximale et une image de "trublion" qui a toujours fait sa force.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le service Free mVPN ?

Free mVPN est un service de réseau privé virtuel (VPN) gratuit, directement intégré au réseau mobile de Free. Il est inclus dans les forfaits Free 5G et Série Free. Il s'active en un clic depuis l'application Free et permet de faire transiter sa connexion par des serveurs situés à l'étranger (Italie, Pays-Bas) pour contourner les blocages géographiques.

Est-ce que tous les abonnés Free peuvent en profiter ?

Non, le service est pour l'instant réservé aux abonnés des forfaits "Free 5G" et "Série Free". Le titulaire du compte, qui doit être majeur, doit l'activer depuis son Espace Abonné avant qu'il ne soit utilisable sur la ligne mobile.

Que risque Free face à l'Arcom ?

L'Arcom a été saisie du dossier par un député. L'autorité dispose de pouvoirs de sanction et pourrait tenter de contraindre Free à revoir le fonctionnement de son service. Cependant, s'attaquer frontalement à un opérateur sur la question des VPN, qui sont des outils légaux, pourrait créer un précédent juridique complexe et risqué pour le régulateur.