La startup japonaise Helical Fusion annonce un succès mondial : le test d'une bobine supraconductrice à haute température dans des conditions de réacteur commercial.
Cette avancée majeure place le Japon en position de force dans la quête d'une énergie de fusion stable, continue et propre, visant une commercialisation dès les années 2030.
La startup Helical Fusion a annoncé ce lundi avoir réussi avec succès un test de performance critique sur sa bobine supraconductrice à haute température (HTS). Une première mondiale.
L'essai a non seulement répliqué l'environnement magnétique d'un réacteur à fusion, mais il a surtout démontré la capacité de la bobine à maintenir un flux de courant stable dans des conditions supraconductrices.
Concrètement, l'essai a validé le maintien d'un courant supraconducteur stable de 40 kA sous un champ magnétique de 7 teslas et à une température cryogénique de 15 K, soit -258°C. Ce jalon technique ouvre la voie à une nouvelle ère pour l'industrialisation de la fusion nucléaire.
Un jalon technique décisif pour le Stellarator hélicoïdal
Cette réussite valide un composant essentiel de la technologie spécifique développée par Helical Fusion. En tant qu'unique héritière des recherches menées par l'Institut National des Sciences de la Fusion (NIFS) japonais, la startup mise sur la conception du Stellarator hélicoïdal.
Contrairement à d'autres approches, ce modèle permet un confinement continu du plasma sans nécessiter de courant externe pour le maintenir, ce qui promet des opérations plus stables et prolongées.
Selon Takaya Taguchi, PDG de Helical Fusion, « la possibilité de parvenir à la production d'énergie par fusion avant le reste du monde a été démontrée ».
Le programme Helix : une feuille de route ambitieuse
L'entreprise ne compte pas s'arrêter là et s'appuie sur une feuille de route claire, le programme Helix. La prochaine étape majeure est la construction du démonstrateur intégré Helix HARUKA qui devra prouver la faisabilité de réactions de fusion stables et ininterrompues.
À l'horizon des années 2030, Helical Fusion ambitionne de lancer sa centrale pilote, Helix KANATA. Celle-ci devra répondre aux trois critères indispensables à la viabilité commerciale : une production d'électricité stable 24h/24 et 7j/7, un bilan énergétique net positif, et une maintenance efficace des composants.
Entre soutien politique et retard de financement
Ce succès intervient dans un contexte politique favorable. La nouvelle Première ministre du Japon, Sanae Takaichi, est une fervente partisane de la recherche sur la fusion nucléaire, laissant espérer un soutien gouvernemental accru.
Ce soutien est plus que nécessaire, car le Japon accuse un retard financier conséquent. Alors que les États-Unis et la Chine ont investi plus de mille milliards de yens (5,6 milliards d'euros) dans ce domaine ces cinq dernières années, le budget japonais plafonne à environ 100 milliards de yens (560 millions d'euros).
La compétition mondiale autour de la fusion nucléaire est rude, avec une cinquantaine de projets en cours à travers le monde. Parmi les concurrents les plus sérieux figure la société américaine Commonwealth Fusion Systems, issue du MIT, qui prévoit de connecter sa première centrale au réseau électrique au début des années 2030.
Junichi Miyazawa, directeur technique de Helical Fusion, souligne cependant la portée de leur avancée : « Le développement des aimants supraconducteurs à haute température marque un passage puissant de la recherche en laboratoire à la mise en œuvre dans le monde réel ».
Ce test réussi n'est donc pas seulement une victoire technique ; il matérialise le passage d'un concept théorique à une application industrielle crédible, rapprochant un peu plus le monde d'une source d'énergie quasi infinie. Il reste maintenant à concrétiser ces espoirs.