La quête d'autonomie technologique de Huawei prend une nouvelle dimension. Spectaculaire, même. Le géant chinois a levé le voile ce lundi 19 mai sur ses tout premiers ordinateurs portables. Leur particularité ? Ils tournent sous HarmonyOS, le système d'exploitation maison. Finie la dépendance à Windows ou macOS, du moins pour ces modèles. C'est un défi audacieux lancé aux titans américains. Surtout dans le contexte actuel de pressions technologiques venues de Washington.
Les MateBook nouvelle génération : l'ère HarmonyOS est lancée
Deux machines incarnent cette offensive. La plus impressionnante est sans doute le MateBook Fold, qui se présente comme un bijoux de technologie. C'est un ordinateur portable à écran pliable. Une fois ouvert, il offre une vaste surface de travail : une tablette de 18 pouces à dalle OLED, dans l'esprit de ce que propose Asus avec son Zenscreen Fold. Sa finesse est un autre argument (7,3 mm déplié) pour un poids contenu à 1,16 kg. Replié, il retrouve un format plus classique de 13 pouces. Un clavier magnétique, séparé, peut lui être associé. Ce concentré de technologie a un néanmoins un coût. Il faut compter 23 999 yuans (environ 3 328 dollars) pour la version 1 To de stockage. Une variante 2 To existe aussi. Les préventes sont ouvertes, les livraisons commenceront début juin. Huawei a aussi présenté un nouveau MateBook Pro. Plus traditionnel, il dispose d'un écran de 14,2 pouces et pèse seulement 970 grammes. Ses tarifs oscillent entre 7 999 et 10 999 yuans. Ces deux ordinateurs sont donc les porte-étendards d'HarmonyOS 5 (ou HarmonyOS Next), la dernière version du système que Huawei peaufine depuis 2015.
HarmonyOS sur PC : un écosystème à bâtir, un processeur secret
L'ambition derrière HarmonyOS est claire : créer un écosystème fluide et unifié. Il doit pouvoir animer aussi bien les smartphones que les objets connectés, et maintenant les ordinateurs. Sur PC, Huawei revendique déjà plus de 150 applications compatibles. Richard Yu Chengdong, le patron de la division grand public, parle même de plus de 1000 programmes et applications mobiles supportés, visant les 2000 d'ici la fin d'année. Des noms comme la suite bureautique WPS Office, le service cloud Baidu Netdisk ou la plateforme collaborative DingTalk d'Alibaba sont déjà de la partie. Plus de 1100 périphériques seraient aussi reconnus. L'interface utilisateur de cet HarmonyOS pour ordinateur est un hybride. Elle mêle des éléments familiers des OS de bureau, comme une barre de raccourcis façon Dock, et une présentation des applications par icônes ou cartes. Mais une question brûle toutes les lèvres : quel processeur fait tourner ces machines ? Huawei est resté muet sur ce point. Le constructeur justifie simplement les prix élevés par les coûts de fabrication de cette nouvelle technologie de chipset. Un sujet sensible, alors que les États-Unis ont coupé l'accès de Huawei aux puces d'Intel et Qualcomm.
L'indépendance technologique : le grand pari de Huawei
Ce lancement n'est pas anodin. Il s'inscrit directement dans la stratégie de Huawei pour s'affranchir des technologies occidentales. Une nécessité depuis les sanctions américaines de 2019. "L'ordinateur portable Harmony offre au monde un nouveau choix," a affirmé Yu Chengdong. Il a ajouté : "Nous avons continué à faire les choses difficiles, mais les bonnes choses." Sur le marché des smartphones en Chine, HarmonyOS a déjà prouvé sa capacité à rivaliser, dépassant même iOS certains trimestres. L'étendre aux ordinateurs portables est donc une étape audacieuse, mais logique. Le succès dépendra de la richesse de l'écosystème applicatif. Les performances des machines, avec leurs puces "maison" ou alternatives, seront aussi cruciales pour convaincre, au-delà des frontières chinoises. L'objectif est ambitieux : se poser en alternative crédible au duopole Microsoft Windows et Apple macOS.