Le groupe Intel est l'un des rares acteurs du marché à conserver une double activité de concepteur de puces et de fondeur. La plupart des autres entreprises du marché ont fait le choix d'être des concepteurs purs sans usines de production (les fameuses sociétés fabless) ou bien des fondeurs purs.
Cette double casquette fonctionne tant que les deux activités restent synchronisées sur un même rythme évolutif. Si l'une prend du retard sur l'autre, les tiraillements commencent, au risque de tirer l'autre en arrière.
Les retards de développement des techniques de gravure observés chez Intel sur le 10 nm et le futur 7 nm ont enrayé la belle mécanique et permis à la concurrence de trouver des failles dans la cuirasse.
La montée en puissance de l'architecture ARM au-delà des appareils mobiles et avec un angle d'attaque qui n'est plus uniquement dicté par son efficience énergétique constituent désormais des menaces tangibles et susceptibles de modifier les équilibres économiques.
Appel à une scission de l'activité de production
Dans ce contexte, un actionnaire influent, le milliardaire Dan Loeb, a adressé par l'intermédiaire de son fonds d'investissement Third Point une lettre au président du conseil d'administration d'Intel, Omar Ishrak, pour évoquer la possibilité d'une scission d'Intel, en séparant notamment la production du reste des activités.
Faisant valoir que la firme n'est plus aux avant-postes des technologies de gravure et qu'elle n'est pas assez agressive par ailleurs dans certains secteurs en plein essor comme l'intelligence artificielle, il appelle donc à trouver des réponses à ces défis en agitant le spectre d'une perte de compétitivité d'Intel face à l'Asie, avec les problématiques géostratégiques que cela poserait, notamment en obligeant l'Amérique à se reposer sur une Asie du Sud-Est "géopolitiquement instable" pour ses besoins en puces.
La critique en règle de Third Point a fait mouche auprès des investisseurs avec une montée du cours en Bourse d'Intel de l'ordre de 5%, dans l'attente d'une réaction face à ces critiques.
La direction du géant de Santa Clara a déjà indiqué être favorable à une discussion sur le sujet, la crainte étant que Dan Loeb n'entraîne d'autres actionnaires dans une fronde pour obtenir de force les changements réclamés.