Avec la pénurie de composants électroniques et la montée des tensions géostratégiques en Asie, la relocalisation de la production de puces est devenue une priorité pour l'Europe.

Avec son Chips Act financé à hauteur de 43 milliards d'euros, l'objectif est de générer 20% de la production mondiale de puces d'ici 2030, contre 10% actuellement.

De grands projets ont commencé à prendre forme pour donner corps à cette stratégie. Le groupe Intel s'est rapidement positionné pour installer plusieurs sites en Europe, dont une grande usine de production en Allemagne.

Le site de Magdebourg nécessitera plusieurs milliards d'euros d'investissement et Intel n'a pas caché que son installation dépendra beaucoup des financements publics.

Intel en veut plus

Le gouvernement allemand s'est avancé sur un investissement de 6,8 milliards d'euros mais ces dernières semaines ont été marquées par la poursuite de négociations, Intel réclamant plus d'aides publiques.

Le géant de Santa Clara tablait sur 10 milliards d'euros mais l'Allemagne refuse d'aller plus loin que ce qu'elle a déjà proposé. "Il n'y a plus d'argent public disponible dans le budget", a déclaré le ministre des Finances allemand Christian Lindner au Financial Times.

wafer electronique Laura Ockel Unsplash

De fait, c'est l'avenir même de l'usine de Magdebourg, qui doit ouvrir en 2027, qui est en jeu. Intel doit faire face à une mauvaise passe en ce moment du fait de la baisse des ventes d'ordinateurs qui plombe ses résultats et réduit ses capacités d'investissement.

L'Europe sous pression

Sans les subventions publiques supplémentaires, le groupe américain fait valoir qu'il ne pourra peut-être pas financer et faire sortir de terre le projet. La menace ne peut évidemment pas être prise à la légère dans la mesure où elle serait un sérieux camouflet pour la stratégie européenne et sa souveraineté en matière de puces.

Un autre grand projet, cette fois lié à STMicroelectronics et GlobalFoundries, va permettre d'étendre les installations de production de puces à Crolles, près de Grenoble, et le gouvernement français y engage près de 3 milliards d'euros.

A plus long terme, le fondeur taiwanais TSMC pourrait annoncer durant le mois d'août son propre projet d'implantation d'une première usine de production de puces, sans doute également en Allemagne, mais là aussi tout dépendra de l'importance des subventions publiques accordées.

Intel peut donc avoir intérêt à tirer la couverture des investissements publics à lui pour en laisser moins à ses concurrents. Son projet doit tout de même permettre de bâtir tout un écosystème autour de son usine en attirant de nombreux sous-traitants et fournisseurs de matières premières.