Les Etats-Unis avaient déjà limité les exportations de puces dédiées à l'intelligence artificielle vers la Chine, un domaine stratégique dans lequel l'Empire du Milieu avance rapidement et aux multiples applications civiles et militaires.

Les composants IA les plus puissants avaient été interdits de transit vers la Chine mais la firme Nvidia, en pointe sur le sujet et peu désireuse de perdre cet immense marché, avait trouvé une forme de parade en développant des composants IA spécifiques dont les caractéristiques permettaient de ne pas entrer dans le périmètre des restrictions.

Son dirigeant avait justifié cette initiative par le fait que la Chine est sans doute le plus gros marché mondial pour l'IA et qu'il n'existait pas d'alternative dans le reste du monde pour profiter des opportunités du moment.

Nvidia a connu plusieurs trimestres financiers éblouissants grâce à l'intelligence artificielle et la firme prévoyait encore il y a peu de tripler sa production de composants Nvidia H100 en 2024 pour répondre à la demande.

Casser la dynamique IA chinoise

Les puissants accélérateurs graphiques Nvidia A100 et H100, très demandés pour alimenter la puissance de traitement des intelligences artificielles, ont été déclinés en versions A800 et H800 pouvant être exportées vers la Chine.

Nvidia A100 PCIe Ampere 04

Nvidia A100

Toutefois, cette stratégie n'est pas du goût du gouvernement US, alors que les tensions avec la Chine continuent de monter, et l'administration Biden a décidé de durcir les restictions existantes.

Les composants IA de Nvidia, même adaptés, seront désormais interdits d'exportation, de même que les puces de certaines entreprises, comme la puce Gaudi 2 d'Intel ou l'accélérateur AMD Instinct MI300X.

Le cloud épargné

Les appels du CEO de Nvidia Jensen Huang à ne pas bloquer les opportunités commerciales avec la Chine dans ce domaine ne résistent pas devant l'argument du risque pour la sécurité nationale mis en avant par le gouvernement américain.

La seule alternative resterait la possibilité de proposer à la Chine des systèmes IA légers pour petites entreprises mais avec un mécanisme les empêchant de pouvoir être agrégés en systèmes plus massifs.

L'annonce fait d'ailleurs chuter le cours en Bourse de l'entreprise (-4%), d'autant plus que les contrôles seront renforcés pour s'assurer que la Chine ne puisse malgré tout s'approvisionner en composants Nvidia H100 via des pays tiers comme elle a pu le faire jusqu'à présent pour contourner les restrictions.

Si l'accès aux puces et composants est durci, le gouvernement n'a en revanche rien annoncé sur la question de l'accès aux services cloud, dont certains américains, utilisés par la Chine pour entraîner ses intelligences artificielles.

Source : Reuters