L'exploitation minière spatiale n'est plus un fantasme de science-fiction. La société Interlune, menée par d'anciens dirigeants de Blue Origin et conseillée par le seul géologue ayant marché sur la Lune, l'astronaute d'Apollo 17 Harrison Schmitt, a un plan concret.
Son objectif : développer des robots autonomes pour "moissonner" le régolithe lunaire et en extraire l'hélium-3, un isotope dont la valeur atteint près de 19 millions de dollars le kilogramme. Avec 18 millions de dollars déjà levés, l'aventure est lancée.
Pourquoi l'hélium-3 est-il si convoité ?
L'hélium-3, déposé sur la Lune par les vents solaires pendant des milliards d'années, est considéré comme le carburant idéal pour la fusion nucléaire de demain.
Sa principale qualité est de permettre des réactions qui ne produisent quasiment pas de déchets radioactifs, ouvrant la voie à une énergie propre et quasi illimitée. Mais ses applications sont déjà bien réelles et critiques : il est utilisé pour le refroidissement des ordinateurs quantiques de Google ou IBM et dans les scanners de sécurité pour détecter les matières nucléaires.
Comment Interlune compte-t-elle s'y prendre ?
Le défi technique est colossal. Interlune, en partenariat avec le constructeur d'engins miniers Vermeer, développe des "moissonneuses" robotisées. Ces véhicules autonomes de la taille d'une voiture devront gratter, broyer et chauffer des millions de tonnes de régolithe lunaire pour en libérer les gaz.
Le plus dur reste à faire : isoler le précieux hélium-3. Pour cela, l'entreprise met au point un système de distillation cryogénique capable de refroidir les gaz à près de -270°C pour liquéfier tous les composants sauf l'hélium-3. Le tout, dans un environnement hostile où la poussière abrasive et les écarts de température extrêmes sont la norme.
Ce projet est-il économiquement viable ?
Le modèle économique d'Interlune repose sur un pari audacieux, mais calculé. L'entreprise a déjà signé des contrats de livraison, notamment avec le Département de l'Énergie américain, pour une première mission pilote prévue en 2029.
Le succès commercial à grande échelle, envisagé pour les années 2030, dépendra crucialement de la baisse des coûts de lancement promise par le Starship de SpaceX.
En attendant, Interlune a déjà des plans pour monétiser sa technologie sur Terre, en proposant ses systèmes de distillation aux compagnies de gaz naturel et en vendant du "régolithe lunaire de synthèse" à d'autres acteurs du spatial pour leurs propres tests.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qui est derrière ce projet ambitieux ?
Interlune est dirigée par une équipe de haut vol : Rob Meyerson, ancien président de Blue Origin, Gary Lai, qui a dirigé le programme de fusée New Shepard, et Harrison Schmitt, astronaute d'Apollo 17 et unique géologue à avoir travaillé sur la Lune. Ils collaborent avec Vermeer, un géant des équipements miniers et agricoles.
Quels sont les plus grands défis à surmonter ?
Les obstacles sont nombreux : la poussière lunaire, extrêmement fine et abrasive, peut paralyser les mécanismes. Les variations de température de plus de 350°C mettent les matériaux à rude épreuve. Enfin, la logistique et le coût pour transporter et opérer des tonnes d'équipements sur la Lune restent le principal enjeu financier.
Quand peut-on espérer voir les premiers résultats ?
Le calendrier est déjà bien rempli. Une première caméra sera envoyée fin 2025 pour cartographier les zones riches en hélium-3. Une mission de prospection suivra en 2027, avant un premier test d'extraction grandeur nature en 2029. L'exploitation commerciale est, elle, visée pour le début des années 2030.