La constellation de satellites en orbite basse (LEO) Starlink de SpaceX démontre tout l'intérêt de ce type de dispositif pour assurer une couverture internet large et indépendante des catastrophes naturelles terrestres ou des conflits.

Mais, comme le positionnement par GPS, il reste risqué de ne s'appuyer que sur cette solution que les Etats-Unis pourraient bloquer du jour au lendemain, laissant l'Europe sans solution.

D'où la volonté de bâtir un réseau de satellites de communication purement européen qui offrira une souveraineté technologique et spatiale à l'Europe. Le projet de réseau Iris2 a commencé à voir le jour sous l'impulsion de l'ancien commissaire européen Thierry Breton et il prend peu à peu forme.

La Commission européenne vient de signer avec le consortium SpaceRISE (Eutelsat, SES, Hispasat) un partenariat public privé sous la forme d'une concession sur 12 ans posant les bases d'une future constellation européenne.

Enjeu de souveraineté européenne

Evalué à 10,6 milliards d'euros (valeur qui sera vraisemblablement revue par la suite à la hausse) dont 60% seront financés par la Commission européenne, le réseau Iris2 prévoit de placer sur différentes orbites près de 300 satellites, essentiellement en orbite basse LEO (gérés par Eutelsat) avec une petite vingtaine en orbite moyenne (au-delà de 2000 km d'altitude, gérés par SES).

IRIS2 Europe constellation satellite

La constellation doit entrer en service fin 2030 / début 2031, avec les premières mises en orbite dès 2028, et offrir des services de communication civils et militaires. Elle doit constituer une alternative aux constellations américaines Starlink de SpaceX / Elon Musk et Kuiper d'Amazon qui prévoient toutes deux de placer en orbite des milliers de satellites.

Elle sera également une réponse aux mégaconstellations chinoises Thousand Sails et Guowang de dizaines de milliers de satellites en orbite basse dont la mise en place débute seulement.

Si Iris2 mise sur 300 satellites seulement, la constellation européenne sera en "synergie" avec OneWeb, une autre constellation LEO européenne supervisée par Eutelsat.

En retard sur les autres blocs géographiques

Pour Eva Berneke, directrice générale d'Eutelsat interrogée par La Tribune, "l'Europe ne peut pas avoir le seul choix entre une constellation américaine ou chinoise" d'autant plus que "la guerre en Ukraine nous a réveillés et nous avons besoin de protéger dans la durée la souveraineté de l'Europe".

Europe constellation IRIS2 satellite

Si la constellation exploitera des technologies innovantes en intégrant la 5G et les communications laser par satellite, elle ne proposera pas dans sa première génération de capacités de communication quantique, comme peuvent déjà l'expérimenter certains satellites chinois, ce qui demanderait trop de temps d'intégration.

Toutefois, sur une échelle de 50 à 100 ans d'utilisation du réseau Iris2, cette capacité pourrait arriver ultérieurement, indique encore la DG d'Eutelsat. Avec une mise en service en 2030, elle ne peut toutefois que constater que "Starlink est déjà là aujourd'hui. Et clairement, l'Europe ne va pas rattraper Starlink. Ni Kuiper qui a prévu de mettre sa constellation en 2028", tandis que les projets chinois démarrent dès à présent. Mais il faut bien commencer quelque part...

Source : La Tribune