Fin novembre, le décollage d'un vaisseau Soyouz MS-28 a provoqué un incident structurel majeur. Une structure de support s'est effondrée dans la tranchée anti-flammes, mettant hors service la rampe de lancement 6 du site 31. Ce site est le seul et unique point de départ russe pour les missions habitées. Le verdict est tombé : la Russie fait face à une perte temporaire de son accès souverain à l'espace pour ses cosmonautes.

Quelle est l'ampleur réelle des dégâts à Baïkonour ?

Après l'incident, le silence radio de l'agence spatiale russe a laissé place à une communication minimale. Finalement, un message a confirmé l'arrivée de 18 camions pour livrer un "kit complet" de remplacement pour la cabine de service du pas de tir 31 au cosmodrome de Baïkonour. Une véritable course contre-la-montre est engagée pour remettre en état cette infrastructure critique.

L'agence Roscosmos a annoncé un objectif de retour aux opérations pour la fin février 2026. Pour tenir ce calendrier ambitieux, plus de 130 employés sont mobilisés en deux équipes, travaillant de 8h à minuit. Cependant, des estimations officieuses évoquent une indisponibilité bien plus longue, qui pourrait s'étendre jusqu'à deux ans, jetant un doute sur la fiabilité du planning officiel.

Quelles sont les conséquences immédiates pour l'ISS ?

Cette panne technique a des répercussions directes sur la Station Spatiale Internationale (ISS). Le projet a été conçu dès les années 1990 autour d'une interdépendance cruciale : le segment russe assure la propulsion pour maintenir l'orbite, tandis que le segment américain fournit l'énergie électrique. Aucune partie ne peut fonctionner sans l'autre.

Baikonour

Sans la capacité russe de lancer des vaisseaux Soyouz pour les équipages et Progress pour le ravitaillement, toute la charge logistique retombe sur la NASA et ses partenaires. Heureusement, une alternative existe : la capsule Dragon de SpaceX, qui transporte déjà les astronautes américains. Cette situation inverse ironiquement celle de la décennie précédente, où les États-Unis dépendaient entièrement de la Russie après le retrait de la navette spatiale.

La coopération spatiale internationale est-elle en péril ?

L'incident de Baïkonour survient dans un climat géopolitique déjà extrêmement tendu entre la Russie et l'Occident. L'ISS, autrefois symbole de coopération post-Guerre Froide, est devenue le reflet des frictions terrestres. La NASA doit maintenant évaluer si l'investissement supplémentaire nécessaire pour compenser le retrait russe en vaut la peine, alors que la station approche de sa fin de vie, programmée pour 2030.

Baikonour 02

Abandonner l'ISS laisserait les États-Unis et l'Europe sans destination en orbite basse, un vide stratégique alors que la station spatiale chinoise est, elle, en pleine expansion. Ce serait une perte scientifique immense et un revers symbolique majeur. La NASA, malgré les coupes budgétaires, se retrouve donc face à un choix cornélien : maintenir à flot un partenariat technique et politique de plus en plus fragile ou céder du terrain dans la course à l'espace.

Foire Aux Questions (FAQ)

Que s'est-il passé exactement sur le cosmodrome de Baïkonour ?

Lors du lancement du vaisseau Soyouz MS-28 fin novembre, une structure métallique de support à plusieurs niveaux, située sous les fusées, ne s'est pas correctement rétractée. Elle est tombée au fond de la tranchée destinée à évacuer les flammes, subissant des dommages critiques qui la rendent inutilisable pour de futurs lancements habités.

La Russie peut-elle utiliser d'autres sites de lancement ?

Non, pas pour les missions habitées vers l'ISS. Le cosmodrome de Plessetsk est situé trop au nord pour atteindre facilement l'orbite de la station, et celui de Vostochny, plus moderne, ne dispose pas encore des infrastructures nécessaires pour les vols avec équipage. Le site 31 de Baïkonour était donc un point de défaillance unique.

Quelle est l'alternative pour envoyer des astronautes sur l'ISS ?

La principale alternative est la capsule Crew Dragon de la société américaine SpaceX. Elle assure déjà les rotations des astronautes de la NASA et de ses partenaires (ESA, JAXA). En cas de paralysie prolongée de la Russie, SpaceX deviendrait le seul moyen d'accéder à la Station Spatiale Internationale.