La fusion nucléaire doit apporter une énergie en grande quantité et moins polluante que la fission nucléaire. En cherchant à rassembler de petits noyaux en atomes plus gros plutôt que l'inverse, elle permet de faire appel à de l'hydrogène comme matière première, très abondant dans l'Univers, et de reproduire le mécanisme se déroulant au coeur des étoiles, dont le Soleil.
Plusieurs pays cherchent à maîtriser cette source d'énergie et celui qui y parviendra le premier aura un gros coup d'avance sur les autres. Une collaboration internationale tente de faire naître un premier réacteur expérimental ITER dont la construction se déroule en France, à Cadarache (Bouches-du-Rhône) tandis que les Etats-Unis et la Chine avancent de leur côté avec leurs propres projets.
ITER a connu des retards à la construction et des surcoûts mais le projet vient de connaître une avancée importante avec l'installation du dernier module devant constituer l'enceinte de confinement magnétique du plasma ultra chaud qui doit servir à allumer la réaction de fusion nucléaire.
Un champ magnétique surpuissant pour contenir le plasma
Pour créer et maintenir dans un état stable le plasma de 150 millions de degrés servant d'étincelle à la fusion, il faut un aimant hors du commun. Celui d'ITER pèse 1000 tonnes, 18 mètres et de haut et produira un champ magnétique de 13 Tesla, près de 300 000 fois supérieur à celui, naturel, de la Terre et qui serait capable de soulever un porte-avions hors de l'eau.
Cette étape est très encourageante après la découverte de défauts de soudure fin 2022 dans certaines pièces de l'assemblage, ce qui avait conduit à un nouveau retard de calendrier de deux ans et un surcoût estimé à 5 milliards d'euros, les deux s'ajoutant aux retards accumulés et à un note salée pour ce chantier hors du commun.
Si le projet franchit un cap majeur avec la finalisation du solénoïde au coeur du dispositif, il faudra encore plusieurs années de travaux pour pouvoir allumer le premier plasma dans son enceinte.
ITER, précurseur des réacteurs à fusion de demain
Cette étape n'est pas prévue avant 2033 et la phase de fonctionnement complet n'interviendra pas avant 2036. En attendant, le projet ITER peut compter sur le travail de plusieurs sites dans le monde préparant les étapes de création et de stabilisation du plasma dans des installations expérimentales.
En début d'année, le CEA a annoncé avoir obtenu un record de durée de maintien du plasma ultra chaud de plus de 22 minutes sur le tokamak West expérimental, battant le record chinois de 17 minutes annoncé quelques semaines plus tôt.
Ces travaux aident à affiner les paramètres de production du plasma, ce qui facilitera les étapes de préparation du réacteur ITER, lui-même précurseur de futurs réacteurs à fusion nucléaire commerciaux.