L'attaque informatique contre Jaguar Land Rover en août est désormais chiffrée. Un rapport du Cyber Monitoring Centre (CMC) estime l'impact à 1,9 milliard de livres et en fait l'un des événements les plus marqueux et coûteux pour l'économie britannique. L'onde de choc touche 5 000 entreprises et la reprise complète n'est pas attendue avant 2026.

Le couperet est tombé. Suite au piratage informatique qui a mis à l'arrêt ses usines pendant près de six semaines à partir de fin août, Jaguar Land Rover fait face à une addition colossale.

Un impact économique systémique

Le rapport du CMC chiffre le coût total pour l'économie britannique à 1,9 milliard de livres, soit environ 2,55 milliards de dollars. Ce chiffre vertigineux classe l'incident comme l'événement cybernétique le plus économiquement dommageable de l'histoire du pays.

La majeure partie de cet impact financier provient de la perte de production chez JLR et ses fournisseurs. Le constructeur, qui produit habituellement environ 1 000 voitures par jour dans ses trois usines britanniques, a vu sa production brutalement interrompue, avec une propagation à l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.

Plus de 5 000 entreprises dans la tourmente

L'analyse du CMC ne se limite pas au constructeur automobile. L'organisme estime que plus de 5 000 organisations ont été directement ou indirectement affectées par cette paralysie forcée.

Cette contagion touche les fournisseurs de premier rang, mais aussi des entreprises plus modestes et des services locaux, comme l'hôtellerie, qui dépendent de l'activité générée par les usines.

Le rapport classe l'événement en Catégorie 3 sur une échelle de 5, soulignant sa portée systémique. Face à la crise, le gouvernement britannique a d'ailleurs dû intervenir fin septembre avec une garantie de prêt de 1,5 milliard de livres pour soutenir les fournisseurs fragilisés.

Une reprise lente et des questions en suspens

Bien que Jaguar Land Rover ait commencé à relancer progressivement ses lignes de production début octobre, le chemin du retour à la normale s'annonce long. Le CMC est formel : une reprise complète ne sera pas atteinte avant janvier 2026. Cette estimation prudente dépend de l'absence de retards imprévus dans la restauration des systèmes.

De nombreuses inconnues demeurent, notamment la nature exacte de l'attaque. S'agissait-il d'un ransomware, d'un vol de données, ou pire, d'une attaque de type "wiper" conçue pour effacer irrémédiablement les données ?

JLR reste discret sur le sujet, et le rapport n'inclut pas une éventuelle rançon qui aurait pu être versée aux pirates.

Ciaran Martin, président du comité technique du CMC et ancien patron du National Cyber Security Centre britannique, tire la sonnette d'alarme. Pour lui, cet incident "devrait tous nous faire réfléchir". Il appelle chaque organisation à identifier ses réseaux critiques et à mieux les protéger, mais aussi à planifier sa réponse en cas de perturbation.

L'affaire JLR n'est donc pas seulement un cas d'école sur les pertes financières ; elle devient un avertissement sévère sur la fragilité des infrastructures industrielles modernes face à une menace cyber de plus en plus sophistiquée.