Le constructeur britannqiue Jaguar Land Rover, fleuron industriel et employeur majeur du pays, a dû interrompre sa production pendant plusieurs semaines à la suite d’une attaque informatique d’ampleur inédite.

Face à l’urgence, le gouvernement britannique s’est mobilisé avec un prêt garanti historique de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d'euros environ). Ce soutien financier vise à protéger l’ensemble de la filière, des salariés jusqu’au plus petit sous-traitant, et à permettre un redémarrage des lignes de production dès le mois d’octobre . Mais la route vers la reprise s’annonce semée d’embûches pour JLR et tout son écosystème.

Une attaque informatique aux répercussions colossales

Le 31 août 2025, Jaguar Land Rover a été la cible d’un groupe de hackers se présentant sous le nom de Scattered Lapsus$ Hunters. « Ce cyberattaque n’a pas seulement visé une marque emblématique, elle a porté atteinte à la colonne vertébrale de notre secteur automobile », souligne le ministre britannique Peter Kyle.


hacker

Dès le 1er septembre, la production dans les usines de Solihull, Wolverhampton et Halewood s’est retrouvée totalement paralysée. Les systèmes suivis par l’entreprise pour la gestion des pièces, des véhicules et des commandes ont tous été mis à l’arrêt, affectant la livraison des prestigieux modèles Range Rover, Discovery et Defender. Aucun véhicule n’a quitté les chaînes tout au long du mois de septembre. 

Un effet domino sur tout l’écosystème industriel

Derrière la vitrine de JLR, ce sont 34 000 collaborateurs directs et près de 120 000 emplois indirects qui ont été fragilisés. L’interruption de la production a plongé des centaines de petits fournisseurs dans une situation périlleuse. Plusieurs d’entre eux n’avaient tout simplement plus qu’une semaine de trésorerie, menaçant l’équilibre de toute la filière.

Face à l’hémorragie financière et un manque à gagner estimé à 50 millions de livres par semaine pour le constructeur, le gouvernement a choisi d’activer une garantie de prêt sans précédent par le biais de son mécanisme EDG (Export Development Guarantee).

Cette enveloppe servira à éponger les arriérés de paiement auprès des fournisseurs et à préserver les emplois. 

Un sauvetage public sous surveillance politique

Le prêt va être déployé sur cinq ans. Selon le gouvernement, il s’agit d’« offrir un filet de sécurité » à tout l’écosystème de Jaguar Range Rover et d’instaurer un climat de confiance auprès des fournisseurs et salariés.

Jaguar

Mais cette aide d’urgence ne fait pas l’unanimité. Plusieurs députés ont dénoncé la lenteur de la réaction gouvernementale et appellent à la création d’un mécanisme de réassurance pour mieux protéger les entreprises britanniques face à la recrudescence de menaces numériques.

L’opposition demande également des mesures complémentaires, comme la mise en place d’un dispositif de chômage partiel si la situation devait empirer. Les syndicats se veulent vigilants et exigent que les fonds soient exclusivement fléchés vers la préservation des emplois et des compétences. 

Vers une reprise progressive du moteur industriel britannique ?

Les signaux de reprise restent timides mais concrets : la relance partielle des systèmes informatiques, la capacité retrouvée à honorer les paiements envers les prestataires et l’annonce d’un possible redémarrage de l’usine-moteur de Wolverhampton début octobre marquent une première étape.

« Notre programme de reprise est bien engagé, nos équipes travaillent sans relâche avec des experts en cybersécurité et les autorités pour relancer l’activité en toute sécurité », indique un porte-parole du constructeur. Pourtant, le timing exact de la reprise intégrale demeure incertain.

Cette affaire fait figure de cas d’école : elle met en lumière l’extrême vulnérabilité numérique d’une filière stratégique pour l’économie britannique. Elle appelle aussi à une réflexion d’ampleur sur la sécurisation des infrastructures industrielles face à la sophistication croissante des attaques.