L'entreprise Joby Aviation a réussi le premier vol de son démonstrateur d'aéronef hybride autonome. Réalisé en seulement trois mois en partenariat avec L3Harris, ce vol ouvre la voie à des applications militaires avancées et accélère le développement de futures technologies pour les taxis aériens commerciaux.

Le constructeur d'aéronefs électriques Joby Aviation vient de franchir une étape clé. La société a annoncé le succès du premier vol d'essai de son démonstrateur VTOL (décollage et atterrissage verticaux) à propulsion hybride.

Ce vol inaugural a eu lieu le 7 novembre dans ses installations de Marina, en Californie, marquant une avancée spectaculaire seulement trois mois après l'annonce de sa collaboration avec le géant de la défense L3Harris.

Une stratégie "double usage" pour conquérir deux marchés

La véritable force de ce projet réside dans sa nature "double usage". Conçu avec L3Harris, cet aéronef n'est pas uniquement destiné au marché commercial en plein essor des taxis volants.

Joby Aviation VTOL

Il vise en premier lieu à répondre aux besoins croissants du secteur de la défense, qui recherche activement des plateformes autonomes et résilientes. L'administration américaine a d'ailleurs fléché un budget conséquent, de plus de 9 milliards de dollars pour l'année fiscale 2026, vers ces technologies de nouvelle génération.

Paul Sciarra, président de Joby, souligne que les conflits récents, comme en Ukraine, démontrent la rapidité avec laquelle les technologies commerciales peuvent être déployées sur le champ de bataille.

SuperPilot : le cerveau autonome au cœur du système

Au-delà de sa motorisation hybride, qui combine une turbine électrique à la plateforme eVTOL existante, c'est la pile d'autonomie SuperPilot qui distingue cet appareil. Développée depuis plus de cinq ans et acquise auprès de Xwing, cette technologie a déjà fait ses preuves de manière éclatante.

Joby Aviation VTOL 02

Lors d'un exercice militaire majeur dans le Pacifique, un Cessna 208 équipé de SuperPilot a parcouru plus de 7 000 miles (11200 km) en opérations autonomes, géré à des milliers de kilomètres de distance.

Cette maturité technologique permet d'envisager des missions complexes comme la logistique en territoire contesté ou les opérations de type "loyal wingman", où l'appareil escorterait des plateformes pilotées.

Quels bénéfices pour l'aviation commerciale ?

Si le programme est actuellement orienté vers la défense, ses retombées pour le secteur civil sont indéniables. JoeBen Bevirt, PDG de Joby, explique que ce partenariat permet d'accélérer la maturité des systèmes hybrides et autonomes de l'entreprise.

En testant ces technologies dans le cadre exigeant des applications militaires, Joby accumule des données précieuses qui serviront à terme ses taxis aériens.

Une version hybride de l'appareil pourrait un jour concurrencer les avions de transport régionaux sur des trajets plus longs, ouvrant la voie à des opérations commerciales autonomes dans l'espace aérien civil. L'objectif est de créer une synergie où les avancées dans un domaine profitent directement à l'autre.

L'appareil va maintenant poursuivre une phase intensive de tests au sol et en vol. Les premières démonstrations opérationnelles prévues avec des clients gouvernementaux en 2026 seront une échéance déterminante pour confirmer le potentiel de cette plateforme et son déploiement à grande échelle.