Fini le simple badge magnétique pour les employés de JP Morgan Chase.

Désormais, pour accéder au nouveau gratte-ciel de la banque à Manhattan, il faudra montrer patte blanche, ou plutôt, scanner son iris ou son empreinte digitale. Ce qui n'était qu'une option volontaire est devenu une exigence ferme, communiquée par e-mail aux salariés qui intègrent les locaux depuis le mois d'août. Une mesure drastique pour un bâtiment qui accueillera à terme près de 10 000 personnes.

Pourquoi un tel revirement sécuritaire ?

La raison officielle invoquée par la banque d'investissement est la nécessité d'une sécurité renforcée. L'objectif est de fluidifier les accès tout en les rendant plus sûrs. Ce durcissement intervient dans un contexte de tensions à New York, notamment après la fusillade mortelle visant le PDG de l'assureur santé UnitedHealthcare non loin des bureaux de la banque. Il s'agit donc de protéger les employés et les infrastructures contre les intrusions physiques, mais aussi de prévenir les cyberattaques, la firme affirmant faire face à des milliards de tentatives de piratage quotidiennes.

Quelles sont les implications pour les employés ?

Cette obligation de fournir des données aussi personnelles soulève logiquement des inquiétudes majeures concernant la vie privée des salariés.

D'autant que les critères pour obtenir une exemption restent flous, créant une zone d'incertitude. La situation contraste fortement avec d'autres bureaux, comme à Londres, où la biométrie reste facultative et où les données sont chiffrées de manière à ce que la banque n'y ait pas directement accès. En parallèle, le lancement de l'application "Work at JPMC" confirme cette tendance vers un environnement de travail ultra-connecté et contrôlé.

Au-delà de JP Morgan, quelle est la tendance de fond ?

La démarche de JP Morgan est en réalité un cas d'école sur le futur du travail. Elle cristallise le débat permanent entre la quête de sécurité absolue et le respect des libertés individuelles. Cette décision s'inscrit également dans la stratégie plus large du PDG Jamie Dimon, qui a imposé un retour au bureau cinq jours par semaine et voit ce nouveau siège comme une « magnifique manifestation physique » de la puissance de l'entreprise. Le choix de la biométrie obligatoire pourrait bien créer un précédent, incitant d'autres géants de la finance à suivre le pas, ou au contraire, provoquer une levée de boucliers de la part des régulateurs et des défenseurs de la vie privée.