Dans l'univers parfois sombre d'Internet, certains sites repoussent les limites de l'acceptable, rappelant les heures de plateformes comme Rotten à la fin des années 90. C'est le cas de WatchPeopleDie, un site américain qui, comme son nom l'indique, est spécialisé dans la diffusion de vidéos et photos de morts, d'accidents et d'actes de torture.

Face à ce phénomène, la justice française a décidé de frapper fort et vite.

Quelle est la nature du site et pourquoi une telle décision ?

WatchPeopleDie n'est pas une plateforme d'information. Sa ligne éditoriale est entièrement consacrée à la diffusion d'images choquantes, revendiquant plus de 4,5 millions d'inscrits à travers le monde. On y trouve des scènes insoutenables : exécutions par des cartels, accidents mortels, actes de guerre ou encore des photos de cadavres, le tout partagé sur un forum spécialisé dans le gore. La justice a estimé que ce site portait directement atteinte à la dignité humaine.

La décision du tribunal judiciaire de Paris se fonde sur plusieurs points critiques. D'abord, l'absence totale de dispositif efficace pour empêcher les mineurs d'accéder à ces contenus. Ensuite, le caractère illégal de ces vidéos en Europe. Le jugement impose donc un blocage qui durera tant que le site ne se conformera pas à la loi française, une perspective jugée très peu probable au vu de sa nature même.

Qui est à l'origine de cette action en justice ?

Cette procédure est le résultat d'une surveillance menée depuis plusieurs mois par l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel et du numérique en France. C'est l'autorité qui a saisi la justice en novembre dernier pour demander cette mesure radicale, estimant que la plateforme était entièrement dédiée à un contenu violent et illicite. Une action saluée par la ministre déléguée au Numérique, Anne Le Hénanff, qui a rappelé qu'« aucune plateforme n'est au-dessus de nos lois ».

L'action de l'Arcom fait suite à l'échec de tentatives de modération plus directes. L'Office anticybercriminalité (OFAC) avait en effet adressé au site plusieurs demandes de retrait concernant trois vidéos montrant des actes de torture et de barbarie. Ces demandes sont restées lettre morte, poussant les autorités à passer à la vitesse supérieure en s'appuyant sur l'article 6-3 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN).

Quelles sont les implications pour les FAI et l'avenir ?

La décision du tribunal vise directement les opérateurs. Les principaux fournisseurs d'accès français sont désormais en première ligne : Orange, Free, Free Mobile, SFR, SFR Fibre et Bouygues Télécom. Ils ont l'obligation de « mettre en œuvre toutes mesures les plus adaptées et les plus efficaces » pour empêcher l'accès au site et à ses sous-domaines depuis le territoire français. Le délai est court : quinze jours pour se conformer.

Cette ordonnance a une portée plus large qu'il n'y paraît. Elle démontre la volonté des autorités de réguler activement l'espace numérique pour protéger les citoyens, et en particulier les plus jeunes. De plus, la décision est évolutive : l'Arcom pourra demander le retrait de tout site miroir qui reprendrait "en totalité ou de manière substantielle" les contenus de WatchPeopleDie. Le blocage pourra être levé si le site disparaît ou cesse la diffusion de contenus illicites, mais la balle est désormais dans le camp des opérateurs pour appliquer cette censure légale.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le site WatchPeopleDie ?

WatchPeopleDie est un site internet américain entièrement dédié à la diffusion de vidéos et d'images extrêmement violentes montrant des accidents mortels, des scènes de torture, des homicides ou des scènes de guerre. Il est jugé attentatoire à la dignité humaine.

Pourquoi la justice française a-t-elle ordonné son blocage ?

Le blocage a été ordonné par le tribunal judiciaire de Paris car le site diffuse des contenus illicites en France, ne dispose d'aucun système de vérification d'âge efficace pour protéger les mineurs, et n'a pas répondu aux demandes de retrait des autorités françaises.

Qui doit appliquer cette mesure de blocage ?

Ce sont les principaux fournisseurs d'accès à Internet (FAI) français qui doivent appliquer la décision. La liste inclut Orange, Free, SFR et Bouygues Télécom. Ils ont un délai de 15 jours pour rendre le site inaccessible à leurs abonnés en France.