Le lanceur Tianlong-3, développé par la start-up Space Pioneer, vient de réussir avec brio un test clé de sa première étape. Grâce à une poussée cumulée de plus de 1 100 tonnes lors d’un essai en Chine orientale, cette fusée réutilisable entend concurrencer Falcon 9 de SpaceX.

Cette avancée doit permet de concrétiser la volonté de Pékin d’accélérer ses propres mégaconstellations satellites et de combler son retard sur la cadence des lancements.

Le pays a de grandes ambitions spatiales mais reste en retrait en nombre de lancements par rapport aux Etats-Unis, faute de lanceur réutilisable. Plusieurs entreprises travaillent sur le sujet et progressent rapidement.

Le test de la dernière chance pour le Tianlong-3

Sur une plateforme côtière à Shandong, les neuf moteurs Tianhuo-12 de la fusée ont fonctionné de concert pendant 35 secondes, générant une poussée de 1 100 tonnes.

Cet essai massif clôture une phase de développement entamée en 2022, marquée par un grave accident en 2024 lorsqu'une tentative de tir statique avait mal tourné avec une explosion à la clé.

Tianlong 3 essai statique probleme

Le succès du test offre désormais à Space Pioneer un sésame pour le premier vol orbital, prévu avant la fin de l’année, avec à la clé une capacité d’emport équivalente à Falcon 9, soit 17 à 18 tonnes en orbite basse. 

Déploiement massif de satellites : la Chine veut accélèrer

Si les progrès de Tianlong-3 sont aussi surveillés, c’est que le lanceur répond à une problématique stratégique : la Chine veut rattraper son retard sur les constellations de satellites, à l’image du Starlink d’Elon Musk.

Les projets Guowang et Qianfan prévoient le lancement de plus de 13 000 satellites chacun, mais moins d’1% de ces engins sont déjà sur orbite, du fait d’un manque de lanceurs opérationnels.

Les fusées réutilisables doivent offrir un rythme de lancement inédit, en réduisant considérablement les coûts. L’objectif affiché est clair : atteindre plus de 30 tirs chaque année. Pour soutenir la cadence, Space Pioneer espère placer jusqu’à 36 satellites par vol, accélérant ainsi la construction d’armadas de satellites d’internet à haut débit, selon le South Morning China Post.

Une concurrence féroce entre acteurs privés et publics

L’aventure Tianlong-3 ne se joue pas en solitaire. En face, d’autres challengers se dressent : LandSpace, avec son Zhuque-3, et le géant étatique CASC, développeur de Long March-12A.

Tous se sont engagés dans un sprint final pour décrocher un vol orbital d’ici fin 2025. Leur point commun ? Proposer des lanceurs réutilisables de moyenne capacité, utilisables de 10 à 20 fois, pour répondre aux besoins grandissants de la Chine.

Space Pioneer Tianlong-3 lanceur réutilisable

Mais la route est semée d'embûches : LandSpace a connu un échec cuisant en vol avec Zhuque-2E en juillet, tandis que les résultats des essais verticaux de Long March-12A restent confidentiels.

Ce contexte rappelle que « développer des lanceurs réutilisables s’avère extrêmement complexe », mais aussi que la Chine ne manque ni d'audace ni d'investissement pour réduire le fossé qui la sépare de SpaceX et des États-Unis. 

Quels impacts pour le marché spatial mondial ?

L’accélération des ambitions chinoises dans les lanceurs réutilisables interroge sur son influence possible sur le marché global : va-t-on voir la Chine concurrencer rapidement la domination de Falcon 9 ?

La réussite de Tianlong-3, et possiblement de Zhuque-3, pourrait transformer la capacité de la Chine à placer des satellites un peu partout dans le monde, posant ainsi de nouveaux défis géopolitiques et motivant une riposte technologique des concurrents occidentaux.

La prochaine étape : la fiabilité et la fréquence de tir

Le défi porte sur la réussite du vol inaugural, la capacité à répéter les lancements et la robustesse des systèmes de récupération d’étage. Space Pioneer vise la régularité pour s'imposer.

Reste à valider la fiabilité, sans reproduire les incendies ou échecs des dernières années. Cette transition vers une industrie de lancements fréquents pourrait bien repositionner la Chine en haut du classement spatial mondial, en poussant aussi tous les acteurs à innover.

Mais pour le moment, c'est toujours SpaceX et ses lanceurs Falcon 9 qui mènent la danse des lanceurs réutilisables au plan mondial, avec déjà plus d'une centaine de lancements depuis le début de l'année.