Le dispositif gouvernemental d’aide à la location de voitures électriques, qui avait connu un raz-de-marée en 2024, affiche un démarrage étonnamment poussif cette année.

Trois semaines après son lancement, la jauge de 50 000 dossiers est loin d'être atteinte. Un signal d'alarme pour l'électrification du parc français ou des critères plus stricts ?

Un rythme de commandes qui s’effondre après un faux départ

Le leasing social, reconduit pour 2025, visait à rendre la voiture électrique accessible aux ménages les plus modestes via une location longue durée (LLD). La première semaine, le dispositif a semblé rééditer l’exploit de 2024, avec un décollage rapide qui a vu près de 30 000 dossiers déposés en quelques jours seulement. L'attente était forte, si bien que certains experts anticipaient un bouclage du quota « en quelques jours ».

Néanmoins, passée cette première vague de clients organisés, l’engouement est retombé. Aujourd'hui, on vient tout juste de franchir la barre des 40 000 commandes validées, selon le ministère de la Transition écologique, un chrono intermédiaire étonnamment long.

Le rythme de dépôt, qui était initialement de 500 dossiers par jour, a chuté à moins de 300, suggérant que le plafond des 50 000 ne sera atteint que « péniblement » en fin d'année, si le rythme se maintient.

L’aide moins généreuse de l'État : le nerf de la guerre

Selon les observateurs du secteur, les offres proposées sont désormais « beaucoup moins intéressantes pour les clients ». En 2024, l’aide publique par véhicule pouvait atteindre 13 000 euros, ce qui permettait d’afficher des loyers exceptionnellement bas, parfois même à 50 euros par mois (la Twingo électrique était, par exemple, à 40 €/mois).

Cette année, le financement est assuré par les certificats d’économie d’énergie (CEE), plafonnant l'aide à seulement 7 000 euros. Conséquence directe : les loyers ont grimpé.

La majorité des offres se situent aujourd'hui entre 150 et 200 euros par mois, avec une obligation pour chaque loueur de proposer au moins un modèle à moins de 140 €/mois.

Si le leasing demeure le moyen d'accéder à l'électrique au plus bas prix (la Citroën e-C3 est promise dès 82 €/mois), cette remontée des prix a échaudé les clients potentiels qui ont en tête les conditions plus généreuses de l’année passée et alors qu'il faut encore ajouter tous les coûts annexes, comme l'assurance, à ces tarifs.

Stellantis en tête, mais une méfiance vis-à-vis de l'électrique s'installe

Côté constructeurs, Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel) confirme son statut de leader du dispositif. Après avoir réalisé 70 % du volume en 2024, le groupe est encore en tête des commandes 2025, notamment grâce à la Peugeot 2008, la 208 et les modèles familiaux (308, Citroën C4), très demandés par les ménages qui veulent une voiture pour le travail et le transport des proches.

Le groupe a même récemment « lâché du lest » sur les prix, en proposant notamment la Citroën e-C3 sans peinture métal dès 82 €/mois.

En revanche, Renault, dont la très attendue R5 électrique est éligible au dispositif, a choisi de ne faire aucune communication intermédiaire. Au-delà des considérations financières, des experts du secteur évoquent une « défiance » croissante vis-à-vis de l'électrique, alimentée par la popularité persistante des véhicules thermiques d’occasion.

L’avantage de ce ralentissement inattendu est que le dispositif est loin d'être clos, contrairement à la version précédente qui avait été suspendue très rapidement pour juguler les dépenses publiques. Une issue qui ne se profile pas pour 2025.

Source : Le Parisien