La start-up américaine Inversion présente Arc, un véhicule spatial réutilisable permettant la livraison de matériel essentiel, notamment militaire, dans n’importe quelle zone du globe en moins d’une heure.

Ce projet audacieux ouvre de nouvelles perspectives pour la logistique mondiale, en repoussant les limites du transport rapide par l’espace et répond au vieux rêve de l'armée américaine d'un déploiement de matériel ultra-rapide.

SpaceX a bousculé le paysage spatial en rendant la réutilisation accessible, mais de nouveaux acteurs s’installent dans la course. Parmi eux, Inversion avance à marche forcée vers un objectif ambitieux : déployer un nouveau mode de livraison, capable d’acheminer du matériel n’importe où, à tout moment, indépendamment des difficultés logistiques au sol.

Pourquoi s’intéresser à la livraison spatiale ?

Face à des environnements complexes ou dégradés, les armées sont souvent confrontées à des goulets d'étranglement insurmontables pour acheminer matériel médical, drones ou équipements stratégiques.

En développant Arc, Inversion vise à contourner ces obstacles. Le module, prévu pour opérer depuis l’orbite basse et stocker jusqu’à 225 kg de charges utiles pendant cinq ans, se distingue par son approche rapide et ciblée.

Arc se rapproche plus du satellite autonome que du drone classique. Sa technologie repose sur une propulsion à matériaux non toxiques et une capacité hypersensible d’atterrissage autonome sur une zone ciblée de 1 000 km, sans piste dédiée.

Une capsule descend sous parachute, permettant un accès immédiat à la cargaison, même dans un théâtre opérationnel difficile. Les militaires scrutent attentivement ce nouveau modèle, qui répond à l’urgence opérationnelle et à la demande croissante d’adaptabilité.

De la démonstration technique à la production industrielle

Le modèle précédent, baptisé Ray, a servi de démonstrateur mais n’a pas réussi sa rentrée atmosphérique, obligeant Inversion à peaufiner ses technologies de contrôle et de descente.

Arc, aux dimensions de 1,2 m par 2,5 m, capitalise sur cette expérience : les ingénieurs l’ont conçu pour résister à plus de Mach 20 et supporter des missions longues sans maintenance.

Le programme bénéficie d’investissements majeurs, notamment de Lockheed Martin et Spark Capital, accélérant la phase de production. Justin Fiaschetti, son directeur général, parie sur une industrialisation rapide avec l’objectif de centaines de modules actifs d’ici 2028.

L’équipe, composée aujourd’hui de 60 personnes, travaille déjà sur l’unité de production du premier modèle grandeur nature, annonçant ainsi un changement d’échelle dans la conception des véhicules de rentrée.

Impact stratégique et perspectives d’avenir

Si la livraison express via l’espace séduit d’abord la défense, Inversion imagine à terme un réseau logistique global à la demande, étendant potentiellement la technologie à des applications civiles ou humanitaires.

L’espace devient ainsi non plus seulement une plateforme pour transmettre des données, mais "un point d’accès au globe" pour acheminer des biens physiques.

La prochaine étape clé sera le vol inaugural d’Arc, prévu en 2026. Les enjeux restent élevés : la réussite technique conditionnera la création de constellations de capsules capables de bouleverser la distribution mondiale.

L’espace s’apprête à passer du statut d’observateur à celui d’acteur central des chaînes d’approvisionnement du futur. Inversion et son projet Arc symbolisent cette transition cruciale vers une logistique instantanée, là où chaque minute compte.