C'est une alliance politique inattendue aux États-Unis qui met en lumière une préoccupation grandissante. Le démocrate Mark R. Warner et le républicain Josh Hawley ont annoncé une initiative législative commune, le "AI-Related Job Impacts Clarity Act".
Ce projet vise à imposer une nouvelle règle de transparence aux acteurs majeurs de l'économie américaine concernant l'impact de l'intelligence artificielle sur leurs effectifs.
Pourquoi une telle loi est-elle jugée nécessaire ?
Le constat de départ est simple : pour légiférer efficacement, il faut des données fiables. Comme le résume le sénateur Warner : « une bonne politique commence par de bonnes données ». Actuellement, l'impact de l'automatisation avancée sur le marché du travail reste largement spéculatif.
Cette proposition de loi bipartisan a donc pour ambition de fournir une image précise des effets de l'IA, en identifiant les postes éliminés, les employés en reconversion et les nouvelles opportunités qui émergent. L'idée est de s'armer d'informations concrètes pour que la technologie soit un moteur de progrès et non une cause de précarité.
Quelles seraient les obligations pour les entreprises ?
Le mécanisme proposé est direct. Les grandes entreprises cotées en bourse, ainsi que certaines entreprises privées et les agences fédérales, devraient soumettre des rapports trimestriels au Département du Travail (DOL).
Ces rapports détailleraient toutes les modifications de la main-d'œuvre directement liées à l'intégration de solutions d'intelligence artificielle. Le DOL serait ensuite chargé de compiler ces informations et de les publier dans un rapport accessible au public et au Congrès, créant ainsi une base de données nationale et actualisée sur le sujet.
Quelles sont les craintes qui motivent cette initiative ?
Cette initiative législative n'arrive pas par hasard. Elle est portée par des prévisions alarmantes. Le sénateur Hawley rappelle que « l'intelligence artificielle remplace déjà des travailleurs américains » et cite des experts qui anticipent un taux de chômage pouvant atteindre 10 à 20 % dans les cinq prochaines années.
Ces chiffres font écho aux déclarations de dirigeants de la tech, comme le PDG d'Anthropic qui évoquait un risque pour la moitié des emplois de bureau de premier niveau. Si certains experts nuancent ce tableau, se demandant si l'IA n'est pas parfois un prétexte pour justifier des réductions de coûts, la nécessité de clarifier la situation fait consensus.