Un commando, une nacelle, et sept minutes pour s'emparer de joyaux de la couronne de France d'une valeur inestimable. Le cambriolage audacieux survenu au musée du Louvre le 19 octobre a choqué le public, mais il met surtout en lumière une réalité bien plus inquiétante : des brèches béantes dans le dispositif de sécurité du musée le plus fréquenté au monde.
Quelles sont les défaillances pointées par la Cour des comptes ?
Le timing a de quoi faire grincer des dents. Vingt-quatre heures à peine après le vol, des extraits d'un pré-rapport de la Cour des comptes ont fuité, dressant un état des lieux alarmant. Les sages de la rue Cambon dénoncent des « retards considérables » et « persistants » dans la modernisation des équipements.
Dans l'aile Denon, qui abrite la galerie d'Apollon mais aussi la Joconde, un tiers des salles serait dépourvu de toute caméra de vidéosurveillance. La situation est encore plus critique dans le secteur Richelieu, où les trois quarts des salles sont de véritables angles morts. L'installation de seulement 138 caméras supplémentaires en cinq ans est jugée largement insuffisante face à l'immensité des lieux.
Le manque de moyens est-il le seul problème ?
Au-delà des aspects techniques, le rapport de la Cour des comptes suggère un manque de volonté de la part de la direction. Malgré un budget de fonctionnement annuel confortable de 323 millions d’euros, les investissements pour la sécurité semblent être une variable d'ajustement budgétaire. Une critique partagée par les syndicats, qui sonnent l'alarme depuis des années sur une dégradation des conditions de travail et des coupes de personnel drastiques.
La CGT-Culture évoque ainsi la suppression de près de 200 emplois en 15 ans, notamment sur des postes de surveillance, alors même que la fréquentation du musée explosait. La surveillance humaine, pourtant indispensable, aurait été sacrifiée sur l'autel des économies.
Comment les voleurs ont-ils pu agir si facilement ?
Le mode opératoire du commando a de quoi interroger. L'utilisation d'une nacelle en plein jour sous les fenêtres du musée, sans déclencher une réaction immédiate, paraît « complètement hallucinant » pour les experts en sécurité. Si les alarmes des vitrines brisées ont, semble-t-il, fonctionné, des doutes subsistent sur celle de la porte-fenêtre découpée à la disqueuse.
Un dysfonctionnement aurait été signalé un mois plus tôt, menant potentiellement à sa désactivation temporaire. Face à la polémique, la direction du Louvre se défend en évoquant le projet "Louvre Nouvelle Renaissance", qui prévoirait un renforcement de la sécurité. Pendant ce temps, les enquêteurs tentent de démêler les fils d'un casse qui jette une lumière crue sur les fragilités d'une institution que l'on pensait intouchable.