La mission Luna-25, partie début août pour tenter de se poser pour la première fois au pôle sud de la Lune, et si possible avant la mission indienne Chandrayan-3 à l'objectif similaire, était une belle tentative de la Russie pour démontrer son savoir-faire et redorer son blason en mettant en avant ses capacités spatiales, après l'ère pionnière de l'URSS.
Elle devait permettre de poser en douceur un alunisseur dans une zone jusque-là inexplorée (le cratère Boguslawsky) et de réaliser des mesures scientifiques sur place tout en cherchant à estimer la quantité d'eau sous forme de glace cachée dans les cratères lunaires.
La Russie avait ainsi mis le monde en haleine en tentant de faire poser sa propre sonde avant celle de l'Inde, partie au mois de juillet et programmée pour réaliser plusieurs révolutions terrestres afin de prendre prendre de la vitesse avant de se lancer à la conquête de la Lune.
Une mission de prestige qui finit mal
La mission Luna-25 avait parfaitement débuté et l'agence spatiale russe Roscosmos a régulièrement communiqué sur l'avancement de la mission, tout en diffusant les premiers clichés pris depuis les instruments à bord de la sonde.
Elle devait tenter son alunissage dès le lundi 21 août 2023 mais le week-end semble lui avoir été fatal. Après avoir atteint l'orbite lunaire, une première alerte avait été donnée à la suite d'une manoeuvre sortant des paramètres établis lors de la phase de freinage avant alunissage.
Surface de la Lune photographiée par Luna-25 encore en orbite
(credit : Roscosmos)
Les craintes se sont confirmées depuis avec l'annonce par Roscosmos du crash de la mission Luna-25. Le contact a été perdu le samedi 19 août vers 14 heures (heure française) et les premières analyses suggèrent que la sonde a manqué son approche et a heurté la surface lunaire, a annoncé l'agence spatiale ce dimanche.
Une commission interministérielle va se pencher sur les données de vol afin de comprendre ce qui s'est passé. Roscosmos n'a, de son côté, pas donné d'indications sur d'éventuels problèmes techniques.
L'Inde prête pour une première mondiale
Luna-25 était considéré dès le départ comme une mission à risque, selon le dirigeant de Roscosmos, qui évaluait la probabilité de réussite à 70%. La mission devait durer environ un an et fournir d'importantes données sur cette zone.
Luna-25 alors en route vers la Lune (credit : Roscosmos)
Ce devait aussi être une mission de prestige pour le régime russe qui a affirmé vouloir maintenir ses ambitions spatiales malgré les contraintes des sanctions économiques mondiales depuis son opération militaire en Ukraine en février 2022.
(credit : ISRO)
Désormais, l'Inde a toute latitude pour être la première nation à se poser sur le pôle sud de la Lune dans le courant de la semaine avec la mission Chandrayaan-3. La pression sera tout aussi forte puisque l'alunisseur Vikram de la mission précédente Chandrayaan-2 s'était crashé lors de la descente en 2019.
Chandrayaan-3, qui tentera son alunissage le 23 août vers 14 heures (heure française), doit permettre de poser en douceur un nouvel atterrisseur Vikram bardé d'instruments et de déployer un rover Pragyan pour explorer les abords.