Sur Terre, les grands canyons se sont généralement formés en plusieurs millions d'années au fil de l'érosion du cours d'eau qui leur ont donné naissance. Sur la Lune, il y a surtout des cratères mais aussi quelques canyons aussi vastes que le Grand Canyon.

Leur formation a forcément été différente, faute d'eau liquide sur la Lune, mais quel en a été le mécanisme ? Une étude publiée dans Nature lève le voile sur le mystère des canyons Vallis Schrödinger et Vallis Planck présents au pôle sud de notre satellites naturel.

Longs de 270 kilomètres, larges de 20 à 27 kilomètres et ayant une profondeur pouvant atteindre 3500 mètres, ils constituent des curiosités par leur aspect très rectiligne.

Des flux de roches éjectés très rapidement

Selon les scientifiques, ces traces sont nées de l'impact oblique de l'astéroïde qui a donné naissance au cratère Schrödinger (320 km de diamètre), tout proche, il y a 3,8 milliards d'années. 

L'énergie dégagée a propulsé d'énormes blocs de roche à des vitesses et généré de véritables coulées de roches expulsées à des vitesses allant de 3400 à 4600 km/h, créant une profonde saignée dans le sol et de nombreux cratères secondaires alignés selon la même direction, dont la disposition et les caractéristiques ont été déterminées depuis les images de la sonde LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter).

(Credit : Nature)

La formation des canyons lunaires sous l'effet de ces flux de roches propulsés à la vitesse d'une balle se serait déroulée, selon les simulations, en 10 minutes seulement ! Mieux valait ne pas se trouver dans le passage...

Un terrain de jeu idéal pour collecter des échantillons

De par leur formation, la distribution des roches et les couches anciennes mises à jour par l'événement, ainsi que leur présence au niveau du Pôle Sud lunaire, ces structures pourraient être un site d'alunissage prometteur pour des missions lunaires comme celles prévues au sein du programme Artemis, avec la possibilité de prélever des échantillons de sol des premiers temps de la Lune.

De quoi espérer avancer sur l'hypothèse de la collision d'une proto-planète, Théia, avec la Terre il y a 4,5 milliards d'années et dont les débris propulsés dans l'espace proche se seraient condensés pour donner la Lune.

Cela expliquerait la ressemblance de la composition du manteau lunaire avec celui de la Terre, tandis que des morceaux de Théia persisteraient au coeur du manteau terrestre, expliquant les zones non homogènes observées, deux " blobs ", des formations rocheuses à la consistance plus dense.