C'est un pavé dans la mare numérique. La ville de Lyon vient d'annoncer sa décision de "jeter Windows par la fenêtre" et de tourner progressivement le dos à l'écosystème de Microsoft. Une décision politique et technologique forte, prise au nom d'un concept qui devient de plus en plus central pour les institutions européennes : la souveraineté numérique. Le but est simple : reprendre le contrôle de ses données et de ses outils.

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Pourquoi la ville de Lyon tourne-t-elle le dos à Microsoft ?

La raison est avant tout stratégique. La mairie de Lyon souhaite se "dépêtrer des solutions logicielles états-uniennes" pour plusieurs raisons. La première est de garantir la protection des données de ses administrés. L'élection de Donald Trump, citée par la municipalité, a rappelé l'importance de ne pas dépendre de technologies soumises au droit américain. Les autres motivations sont économiques et écologiques : favoriser l'économie locale en travaillant avec des entreprises françaises et prolonger la durée de vie du parc informatique pour réduire l'empreinte carbone.
En outre l'abandon de millions de PC d'ici la fin d'année bloqués sous Windows 10 qui ne sera plus supporté par Microsoft, pourrait se présenter comme LE déclic pour les institutions à ne plus suivre ni dépendre de la marque américaine.

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Concrètement, par quoi Microsoft Office va-t-il être remplacé ?

La transition de Lyon s'appuie sur une double stratégie basée sur l'open-source. D'une part, pour les tâches bureautiques quotidiennes, la suite Microsoft Office sera progressivement remplacée par l'alternative libre OnlyOffice. Pour les systèmes d'exploitation et les bases de données, la ville se tournera vers Linux et PostgreSQL. D'autre part, la municipalité a co-développé sa propre solution collaborative, "Territoire Numérique Ouvert", avec des partenaires publics. Cette suite, hébergée dans des data centers régionaux, est déjà utilisée par des milliers d'agents publics.

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Lyon est-elle la seule ville à faire ce choix ?

Non, et c'est ce qui rend cette décision si importante. Lyon n'est pas un cas isolé, mais s'inscrit dans un mouvement de fond en Europe. Une prise de conscience grandit au sein des collectivités sur la nécessité de l'indépendance technologique. Début juin, les deux plus grandes villes du Danemark, Copenhague et Aarhus, ont annoncé des démarches similaires pour se séparer de Microsoft et de Windows. En montrant que c'est possible, Lyon pourrait bien inspirer de nombreuses autres villes en France et en Europe.

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Qu'est-ce que la "souveraineté numérique" ?

C'est le principe pour un État, une collectivité ou une entreprise de maîtriser ses propres systèmes d'information et les données qu'ils contiennent. L'objectif est de ne pas dépendre de technologies ou de lois étrangères, notamment américaines (comme le CLOUD Act), pour assurer la sécurité et la confidentialité de ses informations stratégiques.

C'est quoi, "Territoire Numérique Ouvert" ?

C'est une suite de logiciels collaboratifs (visioconférence, édition de documents en commun...) développée par la Métropole de Lyon et le syndicat intercommunal SITIV. Elle est entièrement basée sur des technologies open-source et hébergée localement, ce qui en fait un parfait exemple d'outil numérique souverain.

Est-ce que tous les services de la ville vont changer immédiatement ?

Non. La communication de la mairie de Lyon est très claire sur ce point, elle parle d'un "remplacement progressif" et d'un "déploiement progressif". C'est une transformation d'envergure qui va prendre du temps et se fera par étapes dans les différents services de la ville.