Ils n'avaient ni télescope ni mathématiques babyloniennes. Pourtant, les astronomes mayas ont réussi à prédire chaque éclipse solaire visible sur leur territoire pendant sept siècles.

Une nouvelle étude vient de percer le secret de leur outil le plus sophistiqué : la table des éclipses du Codex de Dresde. Ce n'était pas un simple almanach rituel, mais une véritable "calculatrice en papier" d'une précision mathématique insoupçonnée.

Comment fonctionnait ce "calculateur papier" ?

Le mystère résidait dans la structure même de la table. Les chercheurs ont longtemps été perplexes face à son cycle de 405 mois lunaires (11 960 jours). Une nouvelle étude publiée dans Science Advances démontre que ce cycle n'a pas été choisi au hasard. Il correspond parfaitement à 46 cycles de leur calendrier divinatoire de 260 jours.

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Ce n'est qu'après avoir établi cette base calendaire que les prêtres-astronomes mayas, les "gardiens du jour", ont commencé à y superposer leurs observations d'éclipses, transformant un calendrier lunaire en un outil prédictif.

Quel était le secret de leur précision sur 700 ans ?

L'observation patiente, génération après génération, c'est une chose. Mais la vraie prouesse est mathématique. L'étude révèle que les Mayas n'utilisaient pas une seule table de manière continue, ce qui aurait accumulé des erreurs. Ils utilisaient un système ingénieux de "réinitialisation".

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Ils recalibraient leurs calculs à des intervalles précis de 223 ou 358 mois lunaires. Ces cycles (connus aujourd'hui sous les noms de Saros et d'Inex) corrigeaient les infimes décalages astronomiques. C'est ce système de correction qui a permis à leur modèle de rester parfaitement fonctionnel pendant 700 ans.

Cette table était-elle scientifique ou religieuse ?

C'était les deux à la fois. L'étude met fin à un vieux débat. L'outil n'était pas seulement symbolique. Les Mayas cherchaient un système qui "fonctionne sur le long terme", pas seulement un enregistrement d'événements passés. Pour la civilisation maya, une éclipse (un "Soleil brisé" ou "Soleil mangé") était un moment de grand péril, une potentielle colère divine.

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Être capable de prédire ces événements donnait un pouvoir immense, permettant d'organiser les rituels et de gérer la société. La science était directement au service du spirituel.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le Codex de Dresde ?

C'est l'un des quatre seuls manuscrits mayas précolombiens ayant survécu à la destruction par les conquistadors. Datant du 11e ou 12e siècle, il est écrit sur du papier d'écorce et contient des almanachs, des calendriers et des calculs astronomiques d'une précision stupéfiante, dont la fameuse table des éclipses.

Les Mayas avaient-ils des télescopes ?

Non. Toute leur astronomie était basée sur l'observation à l'œil nu, des calculs mathématiques rigoureux et la transmission de ces connaissances sur des centaines d'années.

Ce système pourrait-il encore fonctionner aujourd'hui ?

Oui. Les chercheurs ont modélisé le système maya et ont confirmé qu'en continuant à appliquer les mêmes méthodes de réajustement, la table du Codex de Dresde serait toujours capable de prédire les éclipses solaires visibles au-dessus du Mexique aujourd'hui.