L'angoisse de l'autonomie reste le principal frein à l'adoption de la voiture électrique, une barrière psychologique que les constructeurs tentent de briser à coups de batteries toujours plus grosses et... plus lourdes.
Mais Mercedes-Benz a décidé de prendre le problème à contre-pied. Pour la firme de Stuttgart, la solution n'est pas d'embarquer plus d'énergie, mais de la transférer plus vite. Pour prouver que cette vision n'est pas de la science-fiction, elle vient de dévoiler un véhicule expérimental unique en son genre : l'ELF.
Qu'est-ce que le projet ELF de Mercedes-Benz ?
Sous ses airs de simple van Classe V, se cache un véritable laboratoire roulant. Son nom, ELF (Experimental-Lade-Fahrzeug), annonce la couleur : il s'agit d'un "véhicule de charge expérimental" conçu pour tester et repousser les limites des technologies de recharge. Cet outil unique permet aux ingénieurs de simuler et d'analyser en conditions réelles les interactions entre le véhicule, la borne et le réseau, afin de préparer la prochaine génération de voitures électriques de la marque.
Des vitesses de charge dignes de la Formule 1 ?
L'objectif affiché est de rendre la charge ultra-rapide aussi simple et banale qu'un plein d'essence. Pour cela, l'ELF embarque le meilleur de la technologie actuelle et future, avec notamment :
- Un système CCS poussé à 900 kW, capable d'ajouter 100 kWh en seulement 10 minutes.
- Un port MCS (Megawatt Charging System), initialement conçu pour les poids lourds, qui ouvre la voie à des charges dépassant le mégawatt.
Cette performance n'est pas théorique. Elle s'inspire directement du prototype de chargeur développé avec Alpitronic pour le record d'endurance du concept Mercedes-AMG GT XX, qui a atteint un pic de 1 041 kW. Mercedes prévoit d'installer des versions de ces chargeurs dans ses propres parcs de recharge dès 2026.
Au-delà de la charge rapide, quelles autres technologies sont testées ?
Mais l'ELF ne se contente pas de battre des records de vitesse. Il explore aussi l'avenir de la voiture comme batterie mobile, notamment via la recharge bidirectionnelle. Le van est capable de restituer de l'énergie à une maison (V2H), au réseau (V2G) ou d'alimenter des appareils externes (V2L).
D'autres pistes sont également à l'étude, comme la recharge par induction (sans fil) et des systèmes de charge conductrice automatisés, où un connecteur sort du sol pour se brancher seul à la voiture. Le van est même équipé d'un toit photovoltaïque capable d'ajouter jusqu'à 30 km d'autonomie par jour, compensant la consommation en veille.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quand verrons-nous des voitures capables de se recharger en 5 minutes ?
Selon les ingénieurs de Mercedes-Benz, l'objectif de la recharge en cinq minutes pour récupérer une autonomie significative est un "prospect réaliste" pour des véhicules de série avant la fin de la décennie. Cela dépendra non seulement de la technologie embarquée dans les voitures (architecture 800V, gestion thermique avancée), mais aussi du déploiement d'un réseau de chargeurs ultra-puissants.
La recharge bidirectionnelle sera-t-elle bientôt disponible ?
Oui, c'est imminent. Mercedes a déjà annoncé que les nouvelles CLA et GLC électriques seront les premiers modèles de la marque à proposer la recharge bidirectionnelle. Le service "MB Charge Home", qui combine une wallbox et un système de gestion de l'énergie, sera lancé en France, en Allemagne et au Royaume-Uni en 2026.
Pourquoi Mercedes abandonne-t-il la course aux grosses batteries ?
Le constructeur estime que les grosses batteries sont une "arme brutale" contre l'angoisse de l'autonomie. Elles ajoutent un poids considérable, ce qui augmente la consommation, dégrade le comportement routier et pose des problèmes de sécurité et d'usure des infrastructures. Pour Mercedes, l'avenir réside dans un équilibre entre une batterie de taille raisonnable et une capacité de recharge ultra-rapide.