C'est une prise de position qui va faire grincer des dents dans les couloirs de la grande distribution. Alors que douze fédérations professionnelles viennent de déposer plainte contre la plateforme asiatique Shein, le patron des centres E.Leclerc a décidé de ne pas suivre le mouvement.

Pire, il critique ouvertement la méthode, qualifiant cette levée de boucliers de réaction tardive et mal avisée face à une mutation inévitable du commerce mondial. Pour lui, essayer de bannir un acteur déjà installé depuis quatre ans relève plus de la posture médiatique que de la stratégie économique.

Pourquoi ce soutien inattendu brise-t-il le front anti-Shein ?

Michel-Édouard Leclerc n'y va pas par quatre chemins : pour lui, cette plainte collective est tout simplement "conne". Il pointe du doigt le paradoxe de voir des enseignes françaises crier au loup contre Shein alors qu'elles sont elles-mêmes, pour beaucoup, très implantées en Asie.

Shein

Selon lui, c'est le "bal des aveugles" : le secteur feint de découvrir aujourd'hui une concurrence qui prospère sous ses yeux depuis des années. En se désolidarisant de la plainte de sa propre fédération, Leclerc force ses concurrents à regarder la réalité en face : l'arrivée de ces nouveaux acteurs au BHV n'est que le symptôme d'un changement de leadership commercial que les procès ne suffiront pas à endiguer.

S'agit-il vraiment d'un rejet xénophobe déguisé ?

L'argumentaire de "MEL" glisse rapidement sur un terrain plus glissant, celui des valeurs et de l'ouverture économique. Il n'hésite pas à dénoncer des "propos racistes" et une forme d'hystérie collective dès qu'il s'agit de produits venant de Chine, rappelant que le commerce ne peut pas être à sens unique.

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Il souligne l'incohérence fondamentale qu'il y a à dénigrer systématiquement la qualité des importations chinoises tout en espérant exporter nos produits de luxe ou nos spiritueux vers ce même marché. Pour le dirigeant breton, cette stigmatisation systématique est une erreur stratégique majeure qui pourrait nous revenir en boomerang sous forme de mesures de rétorsion.

Quelle est la stratégie pour survivre face au rouleau compresseur ?

Plutôt que de s'en remettre aux tribunaux pour freiner une supposée concurrence déloyale, Michel-Édouard Leclerc invite les distributeurs français à se mettre au travail. La solution n'est pas dans l'interdiction, mais dans la contre-attaque par la qualité et la transparence.

logo leclerc

Son enseigne va d'ailleurs montrer l'exemple dès janvier en renforçant l'étiquetage sur l'origine des produits et leur impact environnemental. Le message est le suivant : au lieu de pleurer sur le succès des autres, analysons ce qu'ils font de mal pour proposer mieux au consommateur, car c'est sur le terrain de l'offre que la bataille se gagnera, pas dans les prétoires.

Foire Aux Questions (FAQ)

Pourquoi Michel-Édouard Leclerc ne soutient-il pas la plainte contre Shein ?


Il considère que la démarche est hypocrite et inefficace ("conne"), préférant l'adaptation commerciale à l'interdiction juridique d'un acteur déjà bien installé.

Quels sont les arguments de Leclerc pour défendre sa position ?


Il invoque le risque de racisme anti-chinois, l'incohérence des enseignes françaises présentes en Chine, et la nécessité d'accepter la concurrence mondiale.

Comment compte-t-il riposter commercialement ?


Il mise sur la transparence totale avec un nouvel étiquetage dès janvier, détaillant l'origine des ingrédients et le bilan carbone pour se différencier par la qualité.