L’industrie de l’énergie nucléaire américaine n’avait pas connu pareille agitation depuis des décennies. Westinghouse, poids lourd mondial du secteur, met les bouchées doubles : dix nouveaux réacteurs nucléaires sont en projet, rien de moins.
Pourquoi cet engouement soudain ? La demande en énergie propre explose, les appels à la relocalisation industrielle se multiplient, et l’innovation technique s’invite à tous les étages, notamment avec les grandes infrastructures cloud et IA.
En signant un partenariat multimillionnaire avec Google Cloud autour de l’intelligence artificielle, Westinghouse promet d’accélérer la construction de ses centrales pour offrir aux États-Unis une capacité de production renouvelée, plus rapide et — espère-t-elle — plus fiable. Une annonce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention jusqu’aux plus hautes sphères politiques.
Une feuille de route ambitieuse : 10 réacteurs en vue
Westinghouse ne se contente pas de petits pas : l’entreprise prévoit la construction de dix nouveaux réacteurs nucléaires sur le sol américain. L’affirmation a été confirmée par l’actuel CEO par intérim, Dan Summer, à Donald Trump, rapporte CNBC, marquant ainsi le retour d’une stratégie à grande échelle pour l’atome civil aux États-Unis.
Le message est limpide : il s’agit de répondre à une demande croissante en électricité bas carbone alors que le réseau vieillissant peine à suivre la cadence de l’électrification et que les énergies renouvelables comme le solaire ou l'éolien, ne peuvent absorber la croissance de la demande.
Un tel projet pourrait apporter 75 milliards de dollars de retombées économiques pour les Etats-Unis, fait valoir le dirigeant de Westinghouse pour promouvoir cette initiative, alors que Donald Trump a déjà pris des mesures pour favoriser le développement du nucléaire aux Etats-Unis d'ici 2050.
Centrale avec réacteurs AP1000 (credit : Westinghouse)
La société cible des réacteurs nucléaires de type AP1000, (réacteurs à eau pressurisée) réputés pour leur sécurité passive et une exploitation automatisée, déjà adoptés dans plusieurs pays.
Mais si le plan séduit, il pose aussi des questions pratiques : où implanter ces futurs sites, comment garantir que les financements massifs suivront, et quels délais pour relever ce défi inédit ? Une telle ambition relance le débat autour du mix énergétique national.
Google Cloud, l’IA et la transformation de la filière nucléaire
Impossible de passer à côté du virage numérique qui bouleverse toute l’industrie. Westinghouse annonce également un partenariat stratégique avec Google Cloud pour incorporer des solutions avancées d’intelligence artificielle dans ses projets.
Objectif : optimiser aussi bien la construction des futurs réacteurs que la maintenance des centrales existantes. L’IA sera utilisée pour :
- planifier et accélérer les phases de chantier,
- anticiper les éventuels incidents de production,
- automatiser la gestion et l’inspection des équipements critiques.
D’après Westinghouse, ce virage numérique est un catalyseur. Les délais de livraison pourraient s’en trouver raccourcis, tandis que la fiabilité opérationnelle progresserait nettement.
Cette alliance avec Google Cloud électronique trace un sillon inédit pour le secteur de l’énergie. Les exemples d’applications concrètes ne manquent pas, du tri intelligent des données de maintenance jusqu’à l’analyse prédictive pour éviter le moindre grain de sable dans la gigantesque machine nucléaire.
Défis à relever : acceptabilité publique, rythme industriel et sécurité
Nouveau nucléaire, oui… Mais tout ne sera pas un long fleuve tranquille pour Westinghouse. D’abord, la question de l’acceptabilité : lancer dix chantiers majeurs dans un pays où le débat sur le nucléaire reste vif suppose un effort accru de transparence et de pédagogie là où chaque projet provoque débats et attentes.
Le rythme ? C’est un véritable test de résistance pour les capacités industrielles, avec des investissements chiffrés en milliards et une chaîne de fournisseurs à fiabiliser.
Pour couronner le tout vient la sécurité, où l’apport du numérique prendra tout son sens : l’analyse de scénarios accidentels par l’IA, la surveillance préventive continue, ou encore l’optimisation des plans de gestion de crise.
La promesse reste d'éviter les surcoûts et les failles, de garantir un retour d’expérience permanent et de redonner confiance à tout l’écosystème avec la création d'emplois locaux et l'utilisation des dernières technologies numériques (jumeaux numériques, techniques prédictives et de suivi).
Les implications restent énormes pour le secteur de l’énergie, qui tient là une occasion unique de démontrer que le nucléaire peut allier performance, sécurité et innovation, tout cela sur fond de transition écologique.
Si le défi paraît de taille, le calendrier et la visibilité politique pourraient accélérer la dynamique. À surveiller de près, car entre IA, nucléaire et défis environnementaux, les lignes pourraient bien bouger plus vite que prévu.
A noter qu'en parallèle, Westinghouse travaille également sur les micro-réacteurs nucléaires, plus petits et moins puissants que les SMR (Small Modular Reactor) mais aussi aisément implantables sur des sites industriels ou dans des bases militaires pour disposer d'une véritable autonomie en cas de dysfonctionnement du réseau électrique principal.