Les côtes idylliques de la Sardaigne vivent depuis peu sous une étrange tension. Fin mai, dans un contexte d’exercice militaire à deux pas des plages prisées par les touristes, l’armée italienne a perdu dans la Méditerranée un missile Aster 30 flambant neuf.

Cet engin de haute technologie, estimé à 2 millions d’euros, n’a toujours pas été localisé avec précision et gît désormais à 600 mètres de profondeur, attisant les angoisses et interrogeant sur les choix de récupération à venir. 

Un incident dramatique sur fond d’exercice militaire

C’est lors d’un exercice organisé fin mai près du village d’Arbatax, que tout s’est joué. L’armée italienne procédait à une simulation d’interception aérienne lorsqu’un missile Aster 30 fabriqué par MBDA a été lancé par un système Samp-T, puis a inexplicablement raté sa cible.

missile Aster 30 MBDA

L’engin, mesurant près de 4 mètres et doté d’une charge propulsive, s’est enfoncé dans la Méditerranée. « L’opération de tir n’a pas abouti comme prévu, le missile ayant terminé sa course dans les fonds marins à proximité de zones balnéaires », peut-on lire dans les communiqués des autorités locales.

Immédiatement, la zone a été bouclée dans un rayon de 150m autour du supposé point de chute, toute circulation maritime ou touristique étant proscrite.

Un missile au fond de la Méditerranée : quels dangers pour la population ?

Le risque principal découle du fait que le missile Aster 30 n’est pas simplement un tube de métal : il contient une charge explosive active, conçue pour neutraliser des cibles en vol.

missile Aster MBDA

L’engin repose aujourd'hui à une profondeur inaccessible pour le public mais qui n'exempte pas d’inquiétudes. Des mesures strictes ont été mises en place : « Les plages et falaises voisines, habituellement prises d’assaut par les vacanciers, sont désormais surveillées de près », affirment les autorités locales.

La probabilité d’une explosion spontanée reste extrêmement faible en l’absence d’une activation volontaire, mais la présence du missile « bourré d’explosifs » garde une dimension angoissante pour les riverains comme pour les visiteurs estivaux.

Une opération de récupération parmi les plus complexes jamais entreprises

L’armée italienne ne pouvait ignorer le sort d’un tel missile. Dès le 15 août, une opération d’envergure orchestrée par le ministère de la Défense sera lancée afin de repêcher ou neutraliser le précieux engin.

Trois navires spécialement équipés et un véhicule sous-marin télécommandé seront mobilisés pour cette mission étalée jusqu’à la fin septembre. « L’opération s’annonce délicate au vu de la profondeur et de l’état du missile », confie une source militaire.

Plusieurs scénarios sont envisagés, de la récupération directe à la détonation en profondeur, chacun avec son lot de difficultés techniques et de dangers et pour les opérateurs et la zone.

La configuration accidentée des fonds marins d’Ogliastra, la présence d’explosifs et les défis liés à la manipulation du matériel à grande profondeur composent un ensemble de contraintes inédites. « La possibilité de faire exploser le missile sur place n’est pas écartée », selon le ministère italien.

Un poids géopolitique et une résonance locale

Si ce missile n’était pas une simple munition d’entraînement, il incarne la pointe de la technologie militaire européenne, né de la coopération franco-italienne. À travers l’incident, c’est la robustesse du protocole de sécurité des exercices militaires qui se retrouve questionnée, alors que la Sardaigne accueille simultanément touristes et manœuvres stratégiques.

Les riverains manifestent des inquiétudes croissantes sur la compatibilité entre manœuvres militaires et fréquentation touristique. Certains élus locaux s’élèvent contre la gestion trop discrète de cette affaire.

La perte de ce missile Aster 30 cristallise des débats majeurs en Italie comme en Europe : la coordination internationale de la défense, la protection des civils en zone d’exercice et la confiance envers l’armée concernant la gestion des incidents.