L'équation militaire en Europe est devenue absurde. L'OTAN se voit forcée d'utiliser des chasseurs F-16 et des missiles sol-air à 500 000 euros pièce (Stinger) pour abattre des drones kamikazes russes (Shahed) qui en coûtent dix fois moins.
C'est un véritable gouffre financier. Face à cette "folie", une startup estonienne, Frankenburg Technologies, propose une solution pragmatique. Pas une arme parfaite. Une arme "suffisamment performante" : le Mark 1.
Qu'est-ce que ce missile "Mark 1" ?
C'est un projectile de 65 cm qui tient dans la main. Kusti Salm, PDG de Frankenburg (et ancien haut fonctionnaire de la défense estonienne), l'assume : "Nous ne nous excusons pas de fabriquer des armes pour abattre les drones russes."
Le Mark 1 est un missile intercepteur guidé par IA, à propulsion solide. Il est conçu pour une seule chose : neutraliser les UAV "low-and-slow" (bas et lents). Sa portée est modeste (2 km), mais c'est une arme de défense de site (SHORAD) pensée pour la production de masse.
Pourquoi l'Europe a-t-elle besoin d'une solution "low-cost" ?
Parce que l'OTAN perd la guerre économique. La menace des drones russes est devenue quotidienne, avec des incursions documentées en Roumanie, en Pologne et même près de l'aéroport de Bruxelles début novembre. La réponse actuelle (avions de chasse) n'est pas tenable.
Kusti Salm est direct : "L'Occident n'a virtuellement rien fait" en trois ans. Le Mark 1 vise un coût dix fois inférieur aux systèmes actuels. C'est la seule réponse viable face à des attaques saturantes de 500 à 700 drones par jour.
Ce missile est-il fiable ?
L'Europe entière regarde ce projet, mais la route est longue. Frankenburg a mené 53 tirs d'essai. Le taux de succès ? "Environ la moitié". C'est mixte, mais l'entreprise vise 90% de fiabilité.
Pour tenir ce pari fou dans un si petit cylindre (où chaque gramme compte), ils ont débauché des "génies lettons" et des pointures. Le projet est mené par Andreas Bappert (concepteur du très recherché système IRIS-T) et l'ancien ingénieur en chef du missile Spear III de MBDA UK.
Quand sera-t-il disponible ?
La production de masse doit commencer en 2026. Frankenburg vise une cadence folle de 100 unités par jour, produites dans deux usines situées dans des pays de l'OTAN (Estonie, Lettonie, Lituanie... D'autres bureaux sont ouverts au R-U et en Allemagne).
L'objectif n'est pas de remplacer les Stinger, mais de créer une défense "en couches", combinant brouillage électronique, drones intercepteurs et ce micro-missile. Une réponse pragmatique pour protéger les 2 000 infrastructures critiques le long du flanc Est de l'OTAN.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quelle est la taille et la portée du Mark 1 ?
Il est très compact : 65 cm (25 pouces) de long. Sa portée opérationnelle est courte, conçue pour la défense de site (SHORAD), à environ 2 km.
Pourquoi est-il si difficile à concevoir ?
Dans un si petit cylindre, chaque gramme compte. Les ingénieurs doivent gérer le centre de gravité qui change à mesure que le carburant brûle, tout en intégrant le guidage IA, la charge militaire et le moteur-fusée.
Quel est le prix visé ?
Le prix exact est confidentiel, mais le PDG Kusti Salm affirme qu'il sera "un dixième" du coût d'un missile Stinger (qui coûte environ 500 000 €). L'objectif est de rendre la défense anti-drones économiquement viable.