À l'opposé du stéréotype de prodiges technologiques, les adolescents contemporains ne maîtrisent parfois même pas la fonction copier-coller. Des chercheurs tels qu'Anne Cordier ou des professeurs dressent un constat préoccupant. La période de confinement a révélé : certains lycéens ne parvenaient pas à ouvrir un document Word basique ou à rédiger un courriel.
Ils sont des spécialistes en réseaux sociaux, des maîtres de TikTok. Cependant, ils se comportent en tant qu'utilisateurs passifs et consommateurs. L'ordinateur, l'outil de production, leur est devenu étranger.
Pourquoi le smartphone est-il considéré comme le suspect principal ?
Le problème réside principalement dans la présence constante du smartphone. Introduit dès son jeune âge, il a pris la place de l'ordinateur familial. En effet, le smartphone est un instrument à la fois ludique et intuitif. On absorbe du contenu, on « fait défiler », on joue. Cependant, cette utilisation ne favorise pas le développement des compétences bureautiques et professionnelles requises.
Il existe un écart considérable : les jeunes sont à l'aise avec l'interface d'une application mobile, mais se retrouvent désemparés face à un gestionnaire de fichiers ou une feuille de calcul.
S'agit-il simplement d'un problème de fracture numérique ?
Ce serait trop facile. Anne Cordier, la chercheuse, souligne que les enfants issus de milieux modestes sont naturellement plus affectés (l'usage du smartphone étant souvent leur unique accès à un écran), mais l'observation est générale. Cécile Cathelin, professeure, constate les mêmes insuffisances dans les établissements secondaires privés. Le souci ne réside pas uniquement dans l'accès à l'ordinateur, mais aussi dans la transmission des compétences.
Même avec une surabondance d'équipement, les parents ne partagent plus ces savoirs. Ils emploient leurs instruments de travail, sans toutefois les dévoiler.
Quels impacts cela aura-t-il sur leur futur ?
Les effets sont immédiats, notamment en ce qui concerne les compétences relationnelles numériques. Yasmine Buono, experte en pédagogie numérique, met en garde face à l'incapacité des étudiants à s'exprimer de façon professionnelle. Ayant l'habitude de communiquer de manière informelle via les messageries, ils ont du mal à :
- Élaborer un courrier électronique officiel ;
- Employer des expressions de courtoisie ;
- Organiser un message de manière logique.
Ce retard constitue un véritable handicap pour leur intégration professionnelle future.
Foire Aux Questions (FAQ)
Pourquoi les désigne-t-on comme étant des « natifs du numérique » ?
Ce terme a gagné en popularité au début des années 2000 pour caractériser la génération qui est née avec Internet et supposée naturellement douée en technologie. Cette recherche indique que c'est en grande partie une illusion.
Ne pas maîtriser les réseaux sociaux n'est-il pas une compétence ?
C'est une aptitude sociale plutôt qu'une compétence en informatique. Être capable d'utiliser TikTok ou Instagram ne signifie pas savoir gérer un système de fichiers, utiliser une feuille de calcul ou comprendre la logique d'un logiciel bureautique, qui sont des compétences essentielles dans le milieu professionnel.
Un smartphone ne serait-il pas suffisant pour travailler ?
Non. Le smartphone est un dispositif perfectionné pour la consommation de contenu et la communication en temps réel. L'ordinateur demeure l'instrument de production, de création et de gestion complexe (bureautique, programmation, design, analyse de données).