Le 8 septembre 2025 restera une journée noire dans l'histoire récente du Népal. Des milliers de jeunes, beaucoup encore en uniforme scolaire, ont convergé vers le parlement à Katmandou pour une manifestation baptisée la "révolte Gen Z".
Ce qui a commencé comme un rassemblement contre la corruption endémique et la censure a rapidement tourné à la confrontation directe avec les forces de l'ordre, aboutissant à une répression sanglante qui secoue aujourd'hui le gouvernement.
Qu'est-ce qui a déclenché une telle explosion de colère ?
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase est une décision gouvernementale radicale : l'interdiction, entrée en vigueur quelques jours plus tôt, de 26 plateformes de réseaux sociaux, dont Facebook, WhatsApp et Instagram.
Officiellement, la mesure visait à lutter contre la désinformation et la cybercriminalité. Mais pour une population où 90% des habitants utilisent Internet et où des millions de travailleurs expatriés dépendent de ces applications pour communiquer, la décision a été perçue comme une censure autoritaire.
Ce blocage a cristallisé une frustration bien plus profonde, alimentée par des scandales de corruption à répétition et le spectacle de l'opulence des élites politiques.
Comment la manifestation a-t-elle dégénéré ?
Organisée par l'ONG Hami Nepal, la manifestation se voulait initialement pacifique. Mais face à une jeunesse déterminée, la situation a vite échappé à tout contrôle.
Des manifestants ont forcé les barricades protégeant le parlement, provoquant une réponse musclée des forces de l'ordre. Selon de nombreux témoignages, la répression policière a été d'une brutalité extrême, avec l'usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau, de balles en caoutchouc et, finalement, de tirs à balles réelles.
Les rues de Katmandou se sont transformées en scènes de chaos, et un couvre-feu a été imposé dans plusieurs quartiers de la capitale.
Quelles sont les conséquences politiques de cette crise ?
La crise est totale pour le gouvernement du Premier ministre K.P. Sharma Oli. Face au bilan tragique, le ministre de l'Intérieur, Ramesh Lekhak, a présenté sa démission, évoquant sa "responsabilité morale".
La pression est désormais maximale sur le Premier ministre lui-même, dont les propos méprisants envers les jeunes organisateurs quelques jours avant le drame ont refait surface. L'ONU et Amnesty International ont fermement condamné l'usage de la force et réclamé des enquêtes transparentes
. Cet événement marque une rupture profonde entre la Gen Z népalaise et une classe politique jugée déconnectée et corrompue.
Foire Aux Questions (FAQ)
Pourquoi le gouvernement a-t-il interdit les réseaux sociaux ?
La raison officielle avancée par le gouvernement népalais est la lutte contre la désinformation, les discours de haine et la cybercriminalité. Il exigeait que les plateformes s'enregistrent auprès des autorités locales, ce que la plupart n'ont pas fait, entraînant le blocage.
Qui sont les manifestants de la "Gen Z" ?
Il s'agit principalement de jeunes, adolescents et jeunes adultes, souvent sans affiliation politique. Ils expriment une frustration généralisée face à la corruption, au manque d'opportunités économiques et à une classe politique qu'ils jugent déconnectée de leurs réalités. Le mouvement s'est largement auto-organisé, inspiré par des protestations similaires dans d'autres pays d'Asie du Sud.
Cette situation est-elle inédite au Népal ?
Bien que le Népal ait connu une histoire politique mouvementée, notamment une guerre civile maoïste et l'abolition de la monarchie en 2008, ces manifestations sont décrites comme les plus violentes et étendues sur une seule journée dans l'histoire moderne du pays. Elles révèlent une nouvelle forme de contestation sociale, portée par une génération qui utilise les outils numériques pour s'organiser et dénoncer.
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