Le 24 août 2025, un an précisément après son interpellation spectaculaire à l'aéroport du Bourget, Pavel Durov a adressé une notification acerbe aux utilisateurs français de Telegram. Le dirigeant de la messagerie aux 950 millions d'abonnés y dénonce avec virulence la procédure judiciaire dont il fait l'objet, une affaire qui, selon lui, n'aurait jamais dû exister.

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Une arrestation jugée « absurde et sans précédent »

Pour Pavel Durov, le cœur du problème est simple : son arrestation pour les agissements d'utilisateurs de sa plateforme est une aberration. « Arrêter le fondateur et dirigeant d’une grande plateforme pour les agissements de ses utilisateurs était non seulement sans précédent, mais aussi absurde d’un point de vue juridique et logique », a-t-il écrit ce dimanche. Il estime que l'enquête menée contre lui depuis un an « peine toujours à trouver quoi que ce soit que moi ou Telegram ayons fait de mal ».

Cette posture tranche avec des déclarations passées. Après son arrestation, il avait pourtant reconnu devant les juges « la gravité des faits » reprochés à sa plateforme et déploré « l’utilisation abusive de (sa) plateforme par des criminels ».

La police française accusée d'incompétence

Le fondateur de Telegram ne mâche pas ses mots et pointe du doigt ce qu'il nomme une « erreur de la police française ». Selon lui, les autorités n'auraient pas respecté les procédures légales pour transmettre leurs demandes à la plateforme avant son interpellation. Avec une pointe de sarcasme, il ajoute : « Elle aurait pu apprendre la procédure correcte simplement en faisant une recherche sur Google ou en posant la question ».

Il martèle que Telegram « a toujours répondu à toutes les demandes juridiquement contraignantes émanant de la France ». Une affirmation qui contredit directement la position des autorités françaises, qui déploraient avant son arrestation une « quasi-totale absence de réponse » de la part de la messagerie.

Pavel Durov

Pavel Durov
Crédits : AFP / Steve Jennings

Une enquête qui patine face à de lourdes accusations

Si Pavel Durov affirme que l'enquête est au point mort, la justice française lui reproche une douzaine de chefs d'accusation graves, dont la complicité pour des crimes en bande organisée, du blanchiment ou encore la diffusion d'images pédopornographiques. La coopération de la plateforme se serait nettement améliorée depuis l'été 2024, mais la procédure suit son cours.

Le dirigeant se défend en assurant que ses « pratiques de modération sont conformes aux normes du secteur ». Une justification balayée par le député Eric Bothorel, qui a rétorqué sur X : « Monsieur Durov, nous ne nous soucions pas de savoir si vos pratiques de modération sont conformes aux normes du secteur. Elles doivent être conformes à la législation européenne ».

Un contrôle judiciaire et une promesse de victoire

Soumis à un contrôle judiciaire qui le contraint à revenir en France tous les 14 jours, Pavel Durov exprime sa frustration et dénonce un « immense préjudice porté à l’image de la France comme pays de liberté ». Loin de se résigner, l'entrepreneur, qui a déposé plusieurs recours contre la procédure, se montre combatif et lance une promesse à ses utilisateurs : « Nous continuerons à nous battre, et nous gagnerons ».

Source : France Info