Loin d'être une nouveauté, la technologie d'échange de batteries, ou "battery swap", est une idée qui a déjà connu plusieurs faux départs. On se souvient de l'échec retentissant de Better Place en 2013, ou encore de la tentative rapidement abandonnée de Tesla deux ans plus tard, faute d'adoption par le marché.

Le principal obstacle a toujours été double : la nécessité d'une standardisation des batteries entre constructeurs, un point sur lequel les marques sont peu enclines à lâcher du lest, et le coût d'investissement massif dans un réseau propriétaire.

Un record qui témoigne d'une adoption grandissante

C'est dans ce contexte que la performance du constructeur chinois Nio prend tout son sens. Le 1er octobre, durant la Golden Week, période de grands déplacements en Chine, le constructeur a enregistré 145 395 swaps en 24 heures.

Ce pic d'activité, avec des villes comme Shanghai en tête, démontre que l'écosystème Nio, bien que fermé, gagne en maturité et répond à un besoin réel de rapidité, une opération ne prenant que trois minutes.

Avec une moyenne de près de 95 500 échanges quotidiens sur le dernier mois, la tendance est clairement à la hausse. Le réseau de Nio, fort de plus de 3 500 stations en Chine et d'une soixantaine en Europe, continue de s'étendre, avec 525 nouvelles installations depuis le début de l'année.

Un modèle rentable mais confronté à de nouveaux défis ?

Si ce modèle semble particulièrement adapté aux flottes commerciales comme les taxis ou les poids lourds, où les trajets sont prévisibles et le temps d'immobilisation critique, son application aux véhicules particuliers reste un défi.

Nio doit gérer un parc de batteries conséquent, ce qui immobilise un capital important et augmente le risque financier. De plus, la diversification de ses marques, avec Onvo et Firefly, complexifie la logistique en ajoutant sept formats de batteries différents à gérer.

La logique économique a d'ailleurs rattrapé le constructeur. William Li, son PDG, a confirmé que l'objectif de 2 000 nouvelles stations pour 2025 ne serait pas atteint, les ressources étant réallouées vers le développement de la cinquième génération de stations.

Ces nouvelles infrastructures seront conçues pour être plus flexibles et compatibles avec les différents formats de batteries du groupe.

Vers une double vie : le swap comme outil de stabilisation du réseau

A côté de la simple recharge pour ses clients, Nio pourrait trouver un second souffle pour son modèle. Les experts soulignent que ces stations, véritables banques de batteries pré-chargées, pourraient jouer un rôle crucial dans la stabilisation des réseaux électriques.

En se chargeant durant les heures creuses et en restituant de l'énergie durant les pics de demande, elles offriraient une solution de stockage flexible, indispensable à l'intégration massive des énergies renouvelables.

La question reste donc de savoir comment cet écosystème peut s'intégrer dans une infrastructure énergétique plus large. Le déploiement des stations de cinquième génération sera un indicateur clé pour l'avenir de la stratégie de Nio.