Simple coïncidence ? Cela fait plusieurs semaines qu'Arnaud Montebourg plaidait la cause de Bouygues Telecom pour le rachat de SFR auprès de Vivendi, brandissant l'étendard du patriotisme fiscal tout en descendant en flèche l'exodé Numéricable et son patron, Patrick Drahi.
Aussi, c'est presque sans surprise que l'Express révèle aujourd'hui que Numéricable aurait reçu une demande de redressement fiscal de 36,3 millions d'euros. " Cette somme représente la TVA impayée par le câbloopérateur entre 2006 et 2010 ainsi que des charges de prestations de services contestées." Indique le journal.
Pour autant, il semblerait que la récente annonce du rachat de SFR n'a pas été à l'origine de ce redressement qui aurait été signifié à Numéricable depuis le 17 février dernier, avant que la concurrence ne se lance donc avec Bouygues, mais après les premiers échanges avec Vivendi.
Un redressement colossal compte tenu des résultats financiers de Numéricable sur 2013 qui plafonnent à 65 millions d'euros.
Communiquant face à l'information, le groupe en profite pour faire mentir le gouvernement sur les accusations de défiscalisation à l'étranger : " Cela témoigne en tout cas, et si certains en doutaient encore, de ce que Numéricable est bien une entreprise française, qui paie ses impôts en France, et peut à ce titre avoir des discussions avec l'administration fiscale."
Ce début de semaine, Fleur Pellerin recevait également Patrick Drahi, le PDG du groupe afin de s'assurer du respect des engagements du câbloopérateur concernant l'emploi et les investissements dans le cadre du développement du très haut débit dans l'hexagone. Dans le même temps, Bercy aurait lancé une enquête sur la situation fiscale du patron afin de déterminer précisément sa résidence fiscale.
Des éléments suffisants à venir semer le trouble dans l'accord Vivendi - Numéricâble ? Impossible à dire pour l'instant, mais on se souviendra que Vivendi avait fait le choix du câblo opérateur pour gagner du temps et finaliser au plus vite la transaction avant le départ de Jean René Fourtou. En outre, il avait été défini que l'accord avec Numéricâble était plus simple puisqu'il n'impliquait pas un bouleversement massif de l'équilibre du marché des télécoms. Dans le cadre d'un rachat de SFR par Bouygues, l'ARCEP et l'autorité de la concurrence auraient pu émettre leur véto pour éviter de déstabiliser le marché.
Il va sans dire que ces complications et l'ingérence du gouvernement dans les négociations ne faciliteront pas la tâche ni de Vivendi ni de Numéricable. Face à la situation, le conseil de Vivendi pourrait alors réviser sa position et se plier à ce que les ministres suggèrent depuis plusieurs semaines : se tourner vers Bouygues pour concrétiser la transaction.