Nvidia vient de conclure un accord majeur à 20 milliards de dollars pour acquérir les actifs et les talents de Groq, une startup spécialisée dans les puces pour l'intelligence artificielle.
Cette opération, qui n'est pas une acquisition complète, permet au géant des GPU d'intégrer une technologie concurrente prometteuse et de neutraliser un rival en pleine ascension sur le marché de l'inférence IA.
L'annonce a secoué l'écosystème de l'intelligence artificielle. Plutôt qu'un rachat pur et simple, l'opération prend la forme d'un accord de licence non exclusif colossal.
D'après Alex Davis, PDG de Disruptive et principal investisseur de la startup, le montant s'élève à 20 milliards de dollars en numéraire, ce qui en fait de loin la plus grande transaction jamais réalisée par le fabricant de puces.
Le géant des GPU met ainsi la main sur la propriété intellectuelle, les technologies et une partie significative des équipes de son concurrent.
Les contours d'un accord hors norme
La transaction est subtile : Nvidia n'absorbe pas l'entreprise dans sa totalité, mais s'assure le contrôle de ses actifs les plus précieux. Dans le cadre de cet accord, le fondateur et PDG de Groq, Jonathan Ross, ainsi que le président Sunny Madra et d'autres talents clés rejoindront les rangs de Nvidia.
Leur mission sera de piloter l'intégration et le développement à grande échelle de la technologie sous licence au sein de l'écosystème du géant vert.
Pendant ce temps, Groq continuera d'opérer comme une entité indépendante, sous la nouvelle direction de son directeur financier, Simon Edwards. Il est crucial de noter que son service cloud, GroqCloud, qui donne accès à ses processeurs spécialisés, est explicitement exclu de la transaction et poursuivra ses activités sans interruption.
Cette scission montre que Nvidia ciblait avant tout le cœur de l'innovation matérielle de son rival.
Pourquoi Nvidia investit-il massivement dans cette technologie ?
La valorisation de Groq, qui atteignait déjà 6,9 milliards de dollars il y a trois mois, s'explique par sa technologie de rupture. La startup s'est fait un nom en développant une nouvelle catégorie de processeurs, les Language Processing Units (LPU).
Ces puces IA sont conçues spécifiquement pour l'inférence des grands modèles de langage, promettant des performances jusqu'à dix fois supérieures à celles des GPU traditionnels, pour une consommation énergétique dix fois moindre. Un avantage compétitif qui n'a pas échappé à la vigilance de son concurrent.
Dans un courriel interne, le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a clarifié sa vision : « Nous prévoyons d'intégrer les processeurs à faible latence de Groq dans l'architecture NVIDIA AI factory ».
L'objectif est d'élargir la plateforme pour adresser une gamme encore plus vaste de charges de travail liées à l'inférence et au temps réel. Il s'agit moins de combler une faiblesse que d'étendre une domination déjà écrasante à de nouveaux segments du marché.
Une stratégie de consolidation dans un marché en pleine ébullition
Cette manœuvre n'est pas un fait isolé, mais s'inscrit dans une stratégie bien rodée de Nvidia. L'entreprise a déjà réalisé une opération similaire, bien que de moindre envergure, en débauchant les équipes et la technologie de la startup Enfabrica.
Fort de ses 60,6 milliards de dollars de liquidités, le leader du marché a les moyens de neutraliser la concurrence en s'offrant ses technologies et ses meilleurs ingénieurs, sans s'encombrer de la structure complète des entreprises.
Cette transaction, qui éclipse l'acquisition de Mellanox pour 7 milliards de dollars en 2019, est un signal fort envoyé au marché. En absorbant la technologie LPU, Nvidia non seulement se renforce, mais empêche également un concurrent sérieux de prendre trop d'ampleur.