C'est désormais acté. Selon les documents réglementaires publiés ce lundi, le géant des puces graphiques a finalisé l'acquisition de plus de 214,7 millions d'actions de son concurrent pour un montant total de 5 milliards de dollars, concrétisant une annonce faite en septembre.

L'opération, qui prend la forme d'un placement privé, officialise la prise de participation de Nvidia à hauteur d'environ 4 % dans le capital d'Intel, un mouvement scruté de près par toute l'industrie.

Une bouffée d'air financière aux allures de pari stratégique

Le montage financier, validé en septembre, voit ainsi Nvidia acquérir ses actions au prix fixe de 23,28 dollars l'unité. Un tarif qui s'avère déjà être une excellente affaire, puisque l'action d'Intel a depuis regagné du terrain pour clôturer à 36,68 dollars ce lundi.

Cet investissement est perçu comme une bouée de sauvetage bienvenue pour le fondeur, dont les finances ont été mises à rude épreuve par des années de retards technologiques et d'investissements colossaux pour moderniser son appareil de production.

La transaction a pu être finalisée après avoir reçu le feu vert des agences antitrust américaines. La Federal Trade Commission (FTC) avait en effet publié un avis le 18 décembre indiquant la clôture anticipée de la période d'examen réglementaire, levant le dernier obstacle majeur à la concrétisation de l'accord.

Le marché, lui, a réagi avec une relative accalmie, le cours de l'action Nvidia baissant légèrement en préouverture tandis que celui d'Intel restait stable, signe que l'information était déjà largement intégrée par les investisseurs.

Au-delà des chiffres, une collaboration technique profonde

Cet accord scelle surtout une collaboration technique d'envergure. Les deux entreprises prévoient de co-développer « plusieurs générations » de puces pour les centres de données et les PC.

L'objectif est de capturer des parts de marché sur l'ensemble du spectre, des consommateurs aux clients hyperscale. Cette collaboration s'appuiera sur la technologie d'interconnexion ultra-rapide NVLink, capable d'atteindre une bande passante de 1,8 To/s, soit environ 14 fois celle d'un port PCIe 5.0.

Concrètement, Intel produira des processeurs x86 personnalisés pour Nvidia, que ce dernier intégrera dans ses propres plateformes d'infrastructure IA. Dans le secteur des PC, Intel pourra concevoir des systèmes sur puce (SoC) x86 intégrant des chiplets de GPU Nvidia RTX.

Ces nouvelles puces hybrides équiperont des PC où CPU et GPU seront étroitement intégrés, promettant des gains de performance significatifs.

Un partenariat sous haute surveillance et aux ambitions mesurées

Ce rapprochement était hautement improbable tant la rivalité entre les deux firmes a été intense. Il s'inscrit aussi dans un contexte politique où la souveraineté technologique américaine est une priorité.

Le partenariat offre à Nvidia une voie d'accès plus fluide à l'écosystème x86 sans apparaître comme une superpuissance isolée, alors que les régulateurs scrutent de près le secteur de l'IA.

Toutefois, les ambitions de l'accord semblent pour l'instant contenues. Rien n'indique que Nvidia transférera la production de ses GPU phares, actuellement assurée par TSMC, vers les usines d'Intel.

L'accord ressemble davantage à une alliance d'influence et de distribution qu'à une reddition sur le plan de la fabrication. Pour Intel, c'est malgré tout une victoire : l'entreprise reçoit des liquidités et une crédibilité renouvelée. L'argent est sur la table mais il reste maintenant à transformer l'espoir en matériel et à livrer des résultats concrets.