Banni de Chine, le groupe Nvidia multiplie les annonces d'investissements massifs dans des entreprises américaines. Après avoir promis d'investir 5 milliards de dollars dans Intel, la firme investit maintenant jusqu’à 100 milliards de dollars dans OpenAI, marquant une étape majeure dans la course à l’intelligence artificielle.
Cette opération d’une ampleur inédite va bien au-delà d’un simple accord financier. Elle illustre un changement d’échelle qui s'inscrit dans la perspective américaine d'une course à l'IA par les apports financiers et la puissance brute, de son infrastructure technique à ses retombées économiques.
Les montants sont colossaux pour bâtir des infrastructures géantes qui amèneront l'IA jusqu'au stade de la superintelligence et écraseront toute concurrence, notamment celle venue de Chine.
L’accord Nvidia-OpenAI : un tournant majeur pour l’IA mondiale
L'accord annoncé ce 22 septembre 2025 a immédiatement dopé le cours en Bourse de Nvidia, avec un bond de 3 à 4 % de la valeur de son action, ajoutant près de 200 milliards de dollars à sa valorisation déjà record de 4450 milliards de dollars !
Il doit permettre de fournir à OpenAI une capacité inédite en matière d’infrastructure de calcul pour alimenter ses futurs services, tels que ChatGPT, dont l’audience atteint 700 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires.
Concrètement, il s’agit de bâtir et déployer une flotte de centres de données alimentés par 10 gigawatts de puissance, soit l’équivalent de la consommation d’environ 8 millions de foyers.
Sam Altman, PDG d’OpenAI, résume ainsi l’ambition : « Nous devons réussir trois choses : mener des recherches d’excellence sur l’IA, concevoir des produits populaires et relever ce défi d’infrastructure sans précédent. »
Un investissement échelonné, des enjeux colossaux pour les data centers
L’investissement sera progressif, débutant par une première tranche de 10 milliards de dollars lorsque le premier gigawatt d’infrastructure sera opérationnel. Cette montée en puissance s’échelonnera jusqu’en 2026, avec la promesse de recourir massivement aux GPU Nvidia, dont les nouveaux composants Vera Rubin, créant un débouché pour le spécialiste des GPU dont l'ambition chinoise se voit contrariée.
L’objectif est d’atteindre, selon Jensen Huang, PDG de Nvidia, entre 4 et 5 millions de processeurs graphiques fournis à OpenAI, soit le double du volume écoulé l’an dernier.
OpenAI bénéficie déjà du soutien de partenaires comme Microsoft, Oracle, SoftBank et s’inscrit aussi dans le projet Stargate, valorisé 500 milliards de dollars.
Un marché sous tension : accélération, risques et rivalités technologiques
La course à l’infrastructure de calcul est entrée dans une nouvelle dimension avec des contrats brassant des dizaines de milliards de dollars. La demande pour les puces Nvidia a explosé dès la sortie de ChatGPT mais la concurrence s’organise. AMD, mais aussi les principaux fournisseurs de cloud, rivalisent pour concevoir leurs propres puces ou établir des écosystèmes propriétaires.
La domination de Nvidia sur le marché des GPU pour l’IA est remise en cause par l’arrivée massive de fonds et d’initiatives concurrentes. La firme doit donc réagir pour maintenir sa place.
Toutefois, l’investissement pourrait attirer l'attention des régulateurs antitrust, les autorités américaines ayant déjà préparé en 2024 le terrain pour de potentielles enquêtes sur le poids combiné de Microsoft, OpenAI et Nvidia dans l’intelligence artificielle.
« Tout commence par la puissance de calcul. L’infrastructure de calcul sera la base de l’économie de demain… », affirme Sam Altman pour justifier les montants faramineux des contrats négociés. Les enjeux du deal dépassent donc la simple fourniture de matériel : il s’agit d’asseoir une suprématie durable dans la construction même de l’écosystème de l’IA.
Nvidia et OpenAI risquent-ils un retour de bâton antitrust ?
L’annonce a déclenché une réaction en chaîne sur les marchés boursiers : le S&P 500 et le Nasdaq ont atteint de nouveaux records historiques, entraînés par l’enthousiasme pour l’intelligence artificielle, même dans un contexte économique plus incertain et la crainte d'une bulle spéculative.
Les investisseurs, galvanisés, voient dans ce partenariat une promesse de croissance continue de la valeur technologique, alors que la Banque centrale américaine vient de baisser ses taux pour stimuler une économie éprouvée.
Nvidia Rubin CPX, la nouvelle génération d'architecture GPU
Si le deal profite à Nvidia et OpenAI, il a aussi des répercussions directes sur d’autres acteurs du secteur, à l’image de Broadcom dont l’action a brutalement décroché après l’annonce.
D’ici à 2026, le déploiement à grande échelle de centres de données élaborés coûtera plus de 500 milliards de dollars d’investissements cumulés pour OpenAI et ses alliés. Ce modèle, qualifié de « monumental » par Jensen Huang, pourrait transformer l’équilibre entre fournisseurs et utilisateurs de technologies cognitives en accélérant la démocratisation mais aussi la concentration des moyens de calcul autour de quelques géants.
Nvidia deviendra-t-il dès lors le pilier de l’économie de l’IA future ou assiste-t-on à la naissance d’un nouveau duopole, susceptible de susciter des craintes quant à la libre concurrence ? Seule la suite de la course technologique permettra de vérifier jusqu’où cette alliance façonnera l’avenir du secteur.