Bourrages papier inexpliqués, drivers capricieux et, surtout, le cauchemar sans fin des cartouches d'encre plus chères que du parfum de luxe. Si ce tableau vous semble familier, c'est que vous avez, comme des millions de personnes, déjà eu affaire à une imprimante moderne.
Face à ce système que beaucoup jugent absurde et prédateur, une petite équipe d'ingénieurs parisiens a décidé de jeter un pavé dans la mare avec un projet aussi simple dans son intention que radical dans son exécution : l'Open Printer.
Qu'est-ce qui rend l'Open Printer si différente ?
L'Open Printer est un véritable pied de nez à l'industrie. C'est un projet open-source dont l'intégralité des plans, du logiciel aux schémas électroniques, sera accessible à tous. Sa philosophie repose sur des principes que les grands constructeurs semblent avoir oubliés :
- Réparabilité : Construite avec des composants mécaniques standards, elle est conçue pour être facilement démontée, diagnostiquée et réparée.
- Absence de DRM : C'est le point crucial. L'imprimante utilise des têtes d'impression courantes (HP 63 ou 302), mais sans aucune puce de blocage. Vous êtes libre de recharger vos cartouches ou d'utiliser des modèles compatibles sans craindre un message d'erreur.
- Pas de drivers propriétaires : L'imprimante fonctionne grâce au serveur d'impression open-source CUPS, garantissant une compatibilité avec Windows, macOS, Linux, Android et même iOS.
Comment fonctionne cette imprimante d'un nouveau genre ?
Sous le capot, la conception est aussi maligne que sa philosophie. Le cerveau de la machine est un Raspberry Pi Zero W, qui gère les connexions et le traitement des tâches d'impression. Il est secondé par un microcontrôleur STM32 qui pilote directement les cartouches.
Mais l'innovation la plus surprenante est sa flexibilité matérielle : en plus des feuilles classiques (A4, A3), l'Open Printer peut être alimentée par un rouleau de papier continu. Un cutter intégré se charge ensuite de découper chaque page à la demande, permettant même d'imprimer des bannières. Son design allongé et minimaliste lui permet d'être posée sur un bureau ou, plus original encore, fixée au mur.
Est-ce vraiment une menace pour les géants comme HP ou Epson ?
C’est une attaque frontale contre le modèle économique dit du "rasoir et de la lame", qui consiste à vendre des imprimantes à bas prix pour ensuite réaliser des marges exorbitantes sur les consommables. En brisant le verrou des cartouches propriétaires grâce à l'absence de DRM, l'Open Printer sape les fondements de cette stratégie.
Bien sûr, il ne s'agit pour l'instant que d'un projet de niche destiné aux "makers" et aux passionnés de technologie. Mais tout comme le Fairphone l'a fait pour le smartphone, il incarne une alternative éthique et durable qui pourrait inspirer un changement plus profond des mentalités et des pratiques de consommation.
Foire Aux Questions (FAQ)
N'importe qui pourra-t-il construire sa propre Open Printer ?
Oui, c'est le principe de l'open-source. Tous les fichiers de conception (mécanique, électronique) et le code seront publiés sous licence Creative Commons. L'utilisation de composants standards devrait faciliter l'assemblage pour toute personne ayant quelques notions de bricolage et d'électronique.
Quelles cartouches d'encre sont compatibles ?
L'Open Printer est conçue pour utiliser les cartouches avec tête d'impression intégrée HP 63 (pour l'Amérique du Nord) ou HP 302 (pour l'Europe). Le point essentiel est que l'absence de DRM vous permet d'utiliser des cartouches rechargées, des compatibles tierces ou des originales, sans aucun blocage logiciel.
Où et quand pourra-t-on se la procurer ?
Le projet sera lancé prochainement via une campagne de financement participatif sur la plateforme Crowd Supply. Le prix et la date exacte ne sont pas encore connus, mais il est possible de s'inscrire sur la page du projet pour être notifié du lancement.