La création de l'entreprise OpenAI s'est faite sous le statut d'organisation à but non lucratif. A l'époque, il s'agissait de réunir une équipe capable d'explorer les atouts de l'intelligence artificielle et de proposer leurs avancées "pour le bien de l'humanité", sans chercher à en tirer profit.
Toutefois, la vision était sans doute un peu trop idéaliste et il est vite apparu que les progrès des IA ne peuvent aller sans une capacité de calcul suffisante et sans cesse grandissante.
Il est nécessaire d'attirer des capitaux pour alimenter les puissants datacenters donnant vie aux IA génératives (et peut-être bientôt générales) et les investisseurs attendent un retour sur investissement.
OpenAI a dû adapter sa structure pour créer une branche à but lucratif plafonné lui permettant de procéder à des appels de fonds et de monétiser au moins partiellement ses créations en matière d'intelligence artificielle.
Faire évoluer les statuts pour délivrer tout son potentiel
Maintenant que l'entreprise a pris de l'ampleur et se confronte à de grands groupes tout en devant rester au-devant de la concurrence, son dirigeant Sam Altman réfléchit logiquement à un nouveau changement de statut qui ferait de l'ensemble d'OpenAI une organisation à but lucratif qui lui donnerait plus de marge de manoeuvre.
Le patron d'OpenAI aurait informé les actionnaires de cette évolution potentielle, selon le site The Information, qui serait donc en discussions, avec du pour et du contre dans la mesure où la partie de l'entreprise à but non lucratif perdrait le contrôle sur la gouvernance de l'entreprise, avec en retour une capacité plus importante à lever des fonds.
Les principaux concurrents d'OpenAI ont déjà des statuts à but lucratif et ce ne serait donc qu'une mise à niveau pour faire jeu égal sur le marché en effervescence de l'intelligence artificielle. Dans le même temps, OpenAI n'avait pas été initialement pensée pour cela.
Ces problématiques ont été au coeur d'une plainte déposée par Elon Musk, qui a contribué à l'établissement d'OpenAI mais s'en est détourné depuis. Il accusait l'entreprise de s'être détournée de ses objectifs premiers au bénéfice de l'humanité pour se lancer dans une quête du profit à tout prix, quitte à sacrifier la sécurité pour lancer plus vite ses produits sur le marché et avoir une longueur d'avance sur la concurrence.
Grossir ou disparaître
Des emails exhumés par la direction d'OpenAI pour justifier ses pratiques montraient que les questions de l'abandon du statut à but non lucratif et de la quête d'investissements toujours plus importants sont anticipées depuis plusieurs années et avaient même été validées sur le principe par le milliardaire comme des conditions nécessaires pour résister à des géants comme Google.
Comme pour tout jeune marché, il s'agit aussi d'atteindre et de maintenir une masse critique d'utilisateurs qui feront de la solution une référence adoptée ensuite naturellement par le plus grand nombre.
Cependant, le fait qu'OpenAI se soit largement rapproché de Microsoft, qui a investi lourdement dans l'entreprise, et le manque de transparence sur les travaux en cours, sont à la fois à l'origine de la plainte d'Elon Musk, qui vient cependant d'être abandonnée, sans en préciser les raisons, et d'une investigation de la FTC américaine sur ces liens financiers particuliers ressemblant à une prise de contrôle qui ne dit pas son nom.
L'arrivée de l'ancien président de la NSA Paul Nakasone au conseil d'administration et les interrogations sur la gouvernance de Sam Altman et sa capacité à maîtriser les créatures artificielles créées dans les laboratoires d'OpenAI, vont sans doute continuer d'intriguer et peut-être conduire les autorités à mener des investigations plus poussées.